La Part du Loup, une autre vision de l'art du cirque

Publié le 19 juillet 2008 par Stéphane Vial
Sept femmes et deux hommes pour dire la poésie de la corde lisse et la magie du mât chinois.

Hier soir, j’ai été au Parc de la Villette voir le spectacle de la 19čme promotion de l’École nationale supérieure des arts du cirque (ENSAC). Je ne pensais pas que le cirque pouvait ętre un spectacle de danse contemporaine qui męle ŕ la fois poésie et performance. Résultat : j’ai trouvé cela époustouflant et magique. L’interprétation était pleine de sensibilité, le propos plein de poésie, et les corps de ces étudiants tout juste diplômés absolument incroyables.

Le spetacle a commencé par un numéro de trapčze exécuté avec beaucoup de charme par une jeune fille qui semblait voler comme un oiseau dans les arbres. Puis sont apparues des cordistes qui s’enroulaient autour de la corde lisse comme des chenilles et glissaient comme des araignées suspendues ŕ leur toile. Au loin, une funambule marchait sur un fil comme un caméléon sur une branche. Tout cela sur fond d’une musique subtile et fine, qui semblait raconter l’histoire d’une foręt.

Évidemment, l’objet le plus fascinant de ce spectacle, c’était le corps. Sur ce point, la jeune femme qui a exécuté un numéro de mât chinois [1] m’a proprement sidéré. Sur une musique tonitruante et drôle, elle a donné ŕ voir des figures dont je n’aurais jamais pensé qu’un corps humain pouvait en ętre capable. C’était comme si les lois de la physique ne s’appliquaient pas ŕ elle. On avait l’impression qu’elle pouvait grimper aux arbres ou marcher sur un mur. Extraordinaire.

Au-delŕ de la poésie du spectacle, je crois que c’est cela que je retiendrai le plus : le pouvoir du corps. Ce qui me fait penser ŕ un passage de l’Éthique de Spinoza [2] :

Car personne jusqu’ŕ présent n’a connu la structure du Corps si précisément qu’il en pűt expliquer toutes les fonctions, pour ne rien dire ici du fait que, chez les Bętes, on observe plus d’une chose qui dépasse de loin la sagacité humaine, et que les somnambules, pendant qu’ils ręvent, font un trčs grand nombre de choses qu’ils n’oseraient faire dans la veille ; ce qui montre assez que le Corps lui-męme, par les seules lois de sa nature, peut bien des choses qui font l’admiration de son Esprit.

Courrez pendant qu’il est encore temps !