Hier les forces de police ont passé plus de huit heures dans les locaux d’Auto Plus suite à une plainte déposée par le constructeur automobile Renault pour “espionnage industriel”.
Après la perquisition avortée au Canard Enchainé pendant l’été 2007, c’est une action de plus pour débusquer les sources des chasseurs de scoop. Ambiance…
On peut comprendre qu’un constructeur automobile, Renault en l’occurrence, n’apprécie que très peu les scoops qui fleurissent dans les différentes revues automobiles. Cependant, jusqu’à présent, ces derniers s’en tenaient à une enquête interne pour identifier les “fuites”.
La perquisition menée par la police dans les locaux d’Auto Plus est une nouvelle étape dans cette lutte et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas la plus reluisante.
Renault porte plainte pour “Abus de confiance, recel d’abus de confiance, modification de données résultant d’un accès frauduleux à un système informatique, atteinte aux droits du producteur d’une base de données informatique, contrefaçon, révélation d’un secret de fabrique et recel.”
De deux choses l’une, soit Auto Plus c’est introduit de manière illégale dans le système informatique de Renault, soit c’est un salarié de Renault (ou un sous-traitant) qui a donné les infos aux journalistes.
Dans le premier cas, c’est effectivement une action répréhensible et Renault est en droit de demander réparation. Dans le second cas, les journalistes d’Auto Plus font simplement leur travail et c’est à Renault d’être plus vigilant sur la circulation de ses informations confidentielles.
L’ambiance est de plus en plus lourde dans les rédactions françaises, après les doutes sur l’éviction de certains rédacteurs en chef, sur une autocensure un peu trop systématique et sur une tentative de main mise du pouvoir sur la sphère médiatique, cette perquisition (même si elle peut être justifié) passe pour une tentative de pression sur les journalistes afin que ces derniers dévoilent plus facilement leurs sources.
Même si je suis le premier à dénoncer le fonctionnement corporatiste des journalistes, il faut avouer qu’en ce moment les temps sont durs…
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