" Les mains sont restées dans les poches. "On disait rien". L'un après l'autre, les noms sont tombés " C'est étrange comme on était calme. On disait rien. pourtant on avait envie, on sait pas, de crier, de casser ; la tension était là dans notre silence la colère tout au fond. C'était pas des fainéants, pas des tire-au-flanc qu'on nous arrachait. Des mecs bien, qui bossaient. À la tristesse, ils ajoutaient la honte, c'est ce qu'ils disaient " on a rien fait". Ils sont restés silencieux, en bleu de travail dans les odeurs d'huiles et de dissolvants, avec des envies de pleurer. Il y avait le silence des machines et soi qui ne partait pas."
Patricia Cottron-Daubigné : extrait de Croquis-Démolition, 2011 Paru aussi dans " L'insurrection poétique, manifeste pour vivre ici" Éditions Bruno Doucey, 2015.