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Cueillir des pâquerettes et fermer boutique

Publié le 17 mars 2020 par Desfraises

Journal de bord pas tout à fait confiné encore. Jour 2.
→ Pour le Jour 1 : Le vieil homme qui promenait son chien avec des gants Mapa verts

Les pensées et les émotions se bousculent. Je veux les trier, les décortiquer. Mais pas les occulter. Chaque jour suffit sa peine et son lot d'inquiétudes. Écrire que je ne suis pas inquiet serait mentir. Inquiet mais à peu près serein pour mes proches que je sais confinés. Ma mère à la campagne ne reçoit aucune visite. Elle me dit : ne te fais pas de soucis, j'ai mon jardin, j'ai l'oie, mes poules, j'ai de quoi faire dans cette immense maison. Ma sœur occupe ses filles d'une main de maîtresse, agile, bienveillante, pédagogue. Toute la petite famille déguste les navettes marseillaises qu'a préparées Lucie, 16 ans, suite à la recette que j'ai partagée avec elle ( recette de JustInCooking). Je mesure la chance qu'elles ont d'avoir de la compagnie, et de la bonne compagnie, quand on pense à toutes les personnes isolées et fragiles, orphelines ou mal accompagnées. Je suis avec émotion les actions spontanées qu'envisagent les bonnes âmes ici et là, partout : proposer de faire des courses et les déposer sur le palier des voisins très âgés et diminués. L'humain d'abord !

D'un point de vue personnel et pragmatique, il faut que j'écrive à la main une première attestation sur l'honneur transmise par les autorités, par SMS, dans la nuit. Au boulot, j'en imprimerai un bon peu. L'hôtel ne figure plus dans les établissements habilités à ouvrir, mais il faut fermer boutique. Peut-être sera-t-il réquisitionné dans les prochaines semaines pour héberger personnel soignant ou malades. S'y préparer. Aider dans les démarches urgentes, répondre aux mails, au téléphone, procéder aux remboursements, faire les sauvegardes informatiques utiles, organiser le suivi à domicile par mon directeur, dire au revoir aux derniers clients, fermer les volets.

Achevant le tour du pâté d'immeubles pour aérer la petite (et lui permettre, peuchère, qu'elle soulage ses besoins), je constate que les pelouses de la résidence ont été fraîchement tondues et me réjouis à l'idée d'avoir cueilli une brassée de pâquerettes hier.

Pas tranquille, comme on dit par ici, je parle à la petite :
- Kimberley, tu te rends compte que j'ai rempli un formulaire pour t'autoriser à faire caca ?


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