La récente décision (février 2020) du président turc Erdogan d’ouvrir ses frontières vers l’Europe aux migrants a fait monter cette tension d’un cran. Cette décision vient à l’encontre de l’accord de 2016 entre l’Union européenne et la Turquie. Celle-ci prévoyait un plan de gestion des migrants impliquant fortement la Turquie ; la rupture de cet accord a été décidée unilatéralement afin de forcer l’Union à soutenir la Turquie dans son conflit en Syrie.
La conséquence immédiate de cette ouverture a été un afflux de migrants à la frontière turque. Plus de 10000 personnes se retrouvent bloquées à la frontière terrestre. Les images des autorités grecques tentant de refouler les migrants ont fait le tour du monde… Débordées, les forces de l’ordre ont recours à tous les moyens pour contenir le flux migratoire, y compris des moyens parfois violents. Si la situation est compliquée à la frontière terrestre, elle se révèle catastrophique dans les îles de la mer Egée : les habitants de Lesbos, Samos, etc, ne veulent plus accueillir de réfugiés ; or la frontière terrestre étant hermétique, beaucoup de migrants tentent la voie maritime et parviennent jusqu’aux îles grecques proches de la terre turque.
L’augmentation du flux de migrants, l’exaspération de la population, les reproches faits par le Haut Commissariat aux Réfugiés et l’impossibilité de contrôler seule le trafic maritime en mer Egée, ont conduit la Grèce à appeler l’Europe à sa rescousse dès le début de la crise. Membre de FRONTEX, la France met fréquemment à disposition de l’agence le patrouilleur des Garde-Côtes de Méditerranée (navire des douanes). Mais c’est un autre choix qui a été fait pour renforcer le dispositif en Grèce : c’est en effet le Kermorvan , patrouilleur des Garde-Côtes en Manche Atlantique basé à Brest, qui est envoyé sur zone.
C’est la première fois que ce navire est affecté à une mission de ce type ; dédié à l’action de l’état en mer de manière générale, il a plusieurs fois participé à des opérations déportées contre le trafic de stupéfiants en Méditerranée.
Pourquoi ce choix de la part de la France ?
L’envoi d’un navire de la Marine nationale aurait été très mal perçu par la Turquie. Le fait d’envoyer un navire garde-côtes permet à la fois d’assurer la mission FRONTEX et de ne pas froisser les susceptibilités turques. La France marche sur des œufs dans ce contexte complexe… Les Français n’ont qu’à choisir. Entre le Premier ministre qui a décidé de recourir au 49.3 pour régler le problème de la réforme des retraites et l’épidémie du Coronavirus qui tombe à pic pour confiner la population chez elle. Ou encore entre les...