Depuis la saison 2019, je commence enfin à avoir de a réactivité hors du Japon envers les thés noir japonais. Il faut dire que la sélection est plus riche, tant, je pense, en quantité qu’en qualité, mais aussi en diversité (à ce niveau les cinq nouveautés de mars sont particulièrement formidables).
Comme je l’ai déjà dit je ne pense pas que le Japon devienne ni ne devrait devenir un grand pays du thé noir. Cependant, en restant dans une optique de qualité, cela reste un atout complémentaire très intéressant pour satisfaire les fanatiques de thé en général, et pour apporter un second souffle dans cette industrie en grande difficulté qu'est le thé au Japon.
Dans la mesure où il n’y a pas une méthode de fabrication typique japonaise, certains s’inspirant des Ceylan, d’autre de thés indiens, parfois taïwanais, la typicité japonaise des thés noir provient des théiers eux même, des cultivars donc. Outre certains cépages à thé vert donnant de très belles choses (Izumi, Kôshun, etc) il y a les cépages à thé noir, Benifûki essentiellement, puis Benihikari. Pourtant bien d’autres variétés à thé noir furent développées avant ces deux là, complètement ou presque inexploitées, ce potentiel laisse rêveur. Il serait intéressant pour les producteurs d'aller puiser dans cette réserve (exemple intéressants de Karabeni, ou bien de Izumi, ancien cépage à kama-iri jamais exploité, qui recemment exhumé par un producteur de Sashima est devenu une des stars du thé noir).
Mais le cépage ne fait pas tout, il apporte une caractéristique aromatique, mais la technique reste essentielle. C’est justement ce que l’on peut constater avec ce délicieux thé noir de Sashima, fait avec Yabukita. Alors qu'on considère souvent Yabukita peu adapter à la fabrication de thé noir, celui est merveilleux.
Dans la newsletter j’évoque le Benihikari de Fuji comme le thé du mois, serré avec le Benifûki de Shimada, mais je vais finalement d'abord évoquer ce Yabukita de Sashima.
Il s'agit d'un first flush par M. Yoshida, très connu pour son Izumi évoqué plus haut, dont je propose aussi quelques sencha. Et ce thé noir Yabukita provient de la même plantation que l'excellent sencha de Sashima Yabukita. Même date de récolte également. En bref, une partie des mêmes feuilles furent utilisées pour faire un sencha et l'autre partie pour faire un thé noir. Chacun dans des genres différents sont des grandes réussites.
Les feuilles sèches sentent à la fois de cacao et les agrumes. Frais et profond ce parfum est très agréable et laisse deviner une oxydation faible.
L'infusion donne en effet une belle liqueur claire orangée témoignant de l'oxydation légère. Le parfum est sucré et légèrement floral. D'abord on y ressent la torréfaction importante, puis on remarque plus de richesse, du caramel, un peu de vanille, de l'agrume vivifiant, une touche d'anis.
En bouche c'est bien sûr très doux et sucré. L'attaque est très soyeuse sans aucune astringence. C'est dans un deuxième temps qu'arrivent les arômes sucrés de ce thé, avec une impression un peu florale, et des notes boisées.
Ces arômes s'expriment ensuite avec force en after-taste. Ce thé noir Yabukita procure aussi une belle longueur en bouche.
A la fois très léger et aromatiquement très riche, ce thé noir de Sashima est aussi très fin, sans caractère tannique.