La presse a pris l'habitude de dénoncer les "théories du complot". Je ne suis pas sûr que cela ne soit pas contreproductif. En effet, d'une part ses articles n'informent pas, puisqu'ils ne font que nier, et, d'autre part, ils sont désobligeants pour le lecteur. Nous ne payons pas les journalistes pour qu'ils nous disent que nous sommes des morveux ignorants.
Ce que devrait comprendre, je crois, ces journalistes, c'est que, derrière les "fausses nouvelles", il y en a une vraie : il y a un vide, une inquiétude, qu'elles comblent. Les journalistes ne répondent pas à cette inquiétude. Et si c'était, pourtant, cela, leur rôle ?
Mais comment informer, quand on ne sait rien ? Etre rassuré ne veut pas dire savoir le fin mot de l'histoire, mais comprendre que quelqu'un de compétent cherche à comprendre. C'est l'idée centrale de ce que l'on appelle "communication de crise" :
"Dîtes-moi ce qui vous inquiète, je vais enquêter."
Mais pas enquêter comme le fait le journaliste, c'est-à-dire s'arrêter à deux ou trois interviews d'autorités pontifiantes. La presse doit enquêter, comme on le fait dans les films d'Hollywood, ou comme le fait un chercheur, ou comme devrait le faire un juge d'instruction.
Ne serait-ce pas cela, ce que signifie ce fameux "quatrième pouvoir" ?
(Vox et les causes de l'épidémie de coronavirus.)