À l'avant-première de Visions Chamaniques, la salle était comble. C'est dire l'intérêt que suscite cette thématique, le nombre de personnes curieuses, ou à la recherche de réponses sur elles-mêmes. La première surprise passée, une seconde a suivi, le film allait prêcher pour un public converti.
Au milieu des conversations sur le yoga, les énergies, les chakrats, le réalisateur a pu placer deux mots, le mini-concert a fait sa part, et avec beaucoup de retard, le long-métrage de Jupiter Films a été projeté. Ça nous a fait rentrer tard à la maison et on lui en a voulu.
Le récit d'une expérience
Visions Chamaniques est donc un reportage qui suit une femme au Congo, lors de son expérience du bois sacré, comprendre lors de sa prise de plantes hallucinogènes. Immergée pendant près d'une semaine au sein d'une tribune, elle s'initie aux rites avant de passer le rituel et évidemment d'en sortir chamboulée.
L'ensemble se révèle plutôt détaillé, on y découvre les rituels de purification, leur sens symbolique et religieux, les gestes ancestraux et une nouvelle manière de voir notre environnement. De plus, les chants sont traduits, bref on est bien immergé.
Quand l'argent envoie du rêve
Au-delà de l'aspect initiation, dépaysement, commentaire sur le sacré, on entrevoit, dissimulé, le business que ce genre d'expérience présente, les dangers possibles pour la santé également. Mais évidemment, ces points cruciaux ne sont qu'effleurés. C'est bien dommage.
Notre héroïne n'est pas venue seule, mais en groupe, et par groupe on n'entend pas l'équipe technique, mais trois autres pèlerins en quête de leur moi profond.
C'est d'ailleurs là l'une des critiques que l'on doit faire au film. Il manque d'objectivité. Jusqu'à ce que ça devienne inévitable, la jeune femme semble privilégiée, femme acceptée pour cette initiation, détentrice d'une chance pour participer à l'aventure des esprits. On comprend ensuite que son groupe a payé pour être là, et que ce pèlerinage semble devenir une habitude, tant pour les initiés que pour les initiants.
D'ailleurs en conclusion, on aura le droit à une très profonde remarque sur cette expérience d'une vie, qui surpasse toutes celles réalisées avec d'autres chamans. Diantre, on ressort de la salle en se disant qu'on vient en fait de voir la nouvelle version d'un Club Med.
Creuser pour plus d'intérêt
Évidemment cet aspect mercantile et sociologique n'est pas développé par ce pseudo documentaire qui ne propose donc qu'une vision unilatérale du phéno
mène du chamanisme : comment cette expérience plaît aux touristes.
Rien sur l'histoire, sur les différences de ces activités à travers le monde, sur la formation des chamans, sur l'utilisation en médecine locale, sur le respect du vivant. Non, on se cantonne à découvrir l'expérience d'une femme blanche en territoire dépaysant. Pourtant il y avait de la matière, notamment avec une de ses amies venues pour apprendre des connaissances chamaniques.
Pour achever le tout, le montage...
Le montage n'est également pas à la hauteur : brouillon au début du long-métrage, bien trop long pour la suite. Certaines images n'auraient pas dû figurer, en raison de leur qualité médiocre et du peu d'intérêt qu'elles apportent à l'ensemble. C'est le cas notamment de celles prises en basse luminosité dans les grottes et sensées êtres porteuses de symbolique. Ça pique les yeux.