Initialement, je pensais débuté comme ceci : « J’avais découvert Niklas Paschburg il y a un an exactement, avec sa réinterprétation de Bach « Blooming (in C minor) ». Mais l’actualité, qui habituellement ne vient pas éclabousser de manière si virulente mes propos, semble s’imposer d’elle-même. À moi, qui réussis le plus souvent à en faire – au moins virtuellement – abstraction. Et cela, même quand ma vie personnelle m’écrase. Du coup, on recommence.
En ce mois de mars double-vingt, et alors que le Piano Day approche à grand pas, l’heure semble être à tout sauf aux réjouissances. L’actualité vient, et de manière incroyablement nouvelle et forte, imposer une ambiance apocalyptique (rappelons qu’apocalypse signifie, non la fin du monde, mais révélation…), donc, une période où certaines choses – lesquelles ?! – devraient apparaître, enfin !
De mon côté, comme tous, les plaisirs les plus simples, et les plus sains, tels celui de se laisser emporter par la musique, ne me paraît pas prêt de s’estomper, quand bien même il plane un je-ne-sais-quoi d’inhabituel autour de nous tous, aux quatre coins du monde.
Pour son deuxième album depuis Oceanic qui était sorti en février 2018, le pianiste allemand Niklas Paschburg revient avec une œuvre magistrale qui ne se dévoile quasiment pas à la première écoute, tant quelque chose d’opaque semble l’envelopper. Svalbard, du nom de l’archipel norvégien où il est allé l’enregistré, propose effectivement un voyage empli d’absolument toutes ces émotions qui vous surprennent lors de voyages dans des contrées étrangères – que ce soit à la ville comme en pleine nature. On passe de moments d’émerveillement à d’autres pleins d’une stupeur béate, ou d’autres ressemblant à un réveil en dehors de chez soi ou, encore, ces moments de fatigues joyeuses pendant lesquelles l’ici et l’ailleurs s’entremêlent comme dans un espace-temps onirique.
Une fois de plus, deux choses peuvent être dites en conclusion. D’abord, que m’est-il arrivé pour ainsi m’exprimer ?! Ensuite, et comme toujours, le piano et tout ce qui le touche de près ou de loin – car il n’y a pas que du piano sur Svalbard, on y entend aussi du synthétiseur ou de l’accordéon – me fait voyager comme rien d’autre, ou littéralement faire un trip hors du commun.
Les angoisses s’effacent, la mélancolie reste, et la beauté s’impose définitivement de façon méditative.
(in Heepro Music, le 16/03/2020)
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