Ce n’est pas la première étude à documenter l’effet « anticancéreux » du moins contre certains types de cancer, des statines. Cependant cette équipe de la Johns Hopkins décrypte cet effet des statines, dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), en montrant comment le médicament affame littéralement les cellules cancéreuses.
Des millions de personnes prennent quotidiennement des statines pour abaisser leur taux de cholestérol sanguin. Ici, ces chercheurs de la Johns Hopkins Medicine apportent de nouvelles preuves, in vitro, de leur effet anticancéreux. Car de précédentes études ont déjà suggéré que les statines pourraient être utiles dans la lutte contre certaines formes de cancer. Ensuite des études épidémiologiques associent la prise de statines et un pronostic meilleur en cas de tumeur : « Il existe des preuves épidémiologiques selon lesquelles les patients qui prennent des statines à long terme ont des cancers de moins en moins agressifs. Des études ont également montré que les statines peuvent tuer les cellules cancéreuses en laboratoire, mais les causes biologiques de ces effets restent mal connues », relève l’auteur principal, Peter Devreotes, Professeur de biologie cellulaire.
Les statines, des candidats anticancéreux ?
Statines vs cellules « cancéreuses » : l’équipe a examiné environ 2.500 médicaments approuvés par la Food and Drug Administration des États-Unis (FDA) afin d’identifier ceux présentant la meilleure capacité de destruction des cellules génétiquement modifiées pour avoir une mutation génétique du cancer appelé « PTEN », un gène qui code pour une enzyme qui supprime la croissance tumorale. Parmi les milliers de médicaments, les statines et en particulier la pitavastatine émergent comme parmi les principaux candidats ayant la capacité de tuer les cellules cancéreuses. La plupart des autres médicaments n'ont eu aucun effet ou alors tuaient les cellules saines aussi. Alors que la pitavastatine entraîne la mort cellulaire de presque toutes les cellules modifiées, en épargnant les cellules normales.
Quel processus sous-jacent ? Les chercheurs examinent ensuite les voies moléculaires susceptibles d’être affectées par les statines. Il est bien connu, par exemple, que les statines bloquent une enzyme hépatique qui produit le cholestérol, mais le médicament bloque également la création d'une petite molécule appelée géranylgéranyl pyrophosphate, ou GGPP, responsable de la connexion des protéines cellulaires aux membranes cellulaires.
Lorsque les chercheurs ajoutent la pitavastatine et le GGPP aux cellules cancéreuses humaines avec mutations PTEN, ils constatent que le GGPP empêche les effets destructeurs de la statine et que les cellules cancéreuses survivent, ce qui suggère que le GGPP pourrait être un agent clé de la survie des cellules cancéreuses.
En revanche, des cellules cancéreuses humaines avec mutations PTEN et privées de l’enzyme qui produit GGPP, cessent de bouger, comme « affamées à mort » : les scientifiques montrent par fluorescence que ces cancéreuses humaines avec mutations PTEN n’absorbent presque aucune protéine de leur environnement, après exposition aux statines.
Ces cellules cancéreuses humaines se laissent littéralement mourir de faim.
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) February 25, 2020 DOI : 10.1073/pnas.1917938117 Statin-induced GGPP depletion blocks macropinocytosis and starves cells with oncogenic defects
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