Le kraut arrive et les allemands de Frumpy vont comme des centaines d'autres formations s'immiscer dans la brèche.
L'atout numéro un de ce drôle de quatuor sans guitare réside dans le partenariat d'écriture d'une superbe vocaliste au feeling Janis Joplin que n'est pas sans évoquer Inga Rumpf. Qui a pour assesseur le bavard mais démoniaque claviériste, français de son état, Jean-Jacques Kravetz, une pointure qui a joué avec à peu près tout le monde.
Le premier de leurs trois rares albums (le meilleur) est en fait davantage psychédélique en ce que les morceaux n'offrent que peu de tiroirs musicaux. Riche de 9 morceaux n'excédant que rarement les 5', le disque est avant tout une redoutable tournerie pop groovy, emplie d'orgue Hammond - la figure de proue de Frumpy- juteux à souhait.
Fort de ses propres compositions qui déménagent "Life without pain" et ses faux airs de "With a little help from my friends" d'obédience Joe Cocker sur le refrain délicieusement glapi par Inga, Frumpy lâche les chevaux. Sur ce "Rosalie" décliné deux fois et morceau de bravoure de la chanteuse, sur "Otium", infernale jam parsemée de clavecin.
Et vraie curiosité, parvient à encore hausser le niveau sur l'unique reprise de ce premier essai : en effet c'est le "Indian rope man" contestataire de Richie Havens qui sort irrémédiablement grandi du traitement sans concession que lui inflige le groupe hambourgeois. La version ici proposée est rythmiquement aux antiopodes du tempo lourd et menaçant dont un Vanilla Fudge pouvait affubler ses covers Motown ou Beatles. Ca groove du feu de Dieu, ça remue de la tirette, ça déménage de la cabine.
L'esprit de la jam forcément est là comme sur "Floating" et son enchaînement "baroque". Malgré ce, le solo de batterie demeure moins vain que celui du "Toad" de Ginger Baker.
De la multitude de groupes d'alors à pochettes toutes plus accortes les unes que les autres - ici un caméléon arc-en-ciel - , il faut savoir trier le bon grain de l'ivraie. On retiendra donc Frumpy, sa chanteuse accorte qui par facétie, donna à son groupe un patronyme farfelu et peu adéaquat ("frumpy" signifie "mal fagotté) en forme d'anagramme psyché.
Comme moult orchestres de l'époque, Frumpy s'est reformé à plusieurs reprises et a enregistré et tourné dans sa (presque) formation originale dans les années 90 et 2000, événements toujours prisés.
Be there or be square.
En bref : une des nombreuses gemmes du rock allemand des fertiles seventies. Souvent estampillée kraut, Frumpy est principalement un groupe pop de son temps qui sait composer et jammer.