Italia, in Les Promesses, de Marco Lodoli

Italia est une domestique, formée à l’Institut. Elle passe la plus grande partie de sa vie chez les Marzioli, une famille italienne : un père ingénieur, une mère toujours nommée « Madame », une fille, Marianna, deux garçons, Tancredi et Giovanni. Italia écrit tout dans sa tête, « comme sur une feuille blanche ». Elle ne note pas les dates. C’est ainsi que le siècle passe, avec les souvenirs de l’ingénieur et de Madame, l’enfance, la jeunesse et la vie des enfants devenus adultes. Jusqu’au décès des parents, l’appartement vide, le retour à l’Institut. Elle ne se plaint jamais, elle observe, elle accompagne, elle soutient, Italia. Elle sait tout, elle garde les secrets. Nous en sommes les seuls témoins. Elle nous guide dans l’intimité de cette famille que l’histoire entoure parfois, rattrape, abandonne. Les désirs des enfants, leurs conflits, les cartes des jeux de réussite de Madame, les déceptions de l’ingénieur. L’écriture de Marco Lodoli, traduite par Louise Boudonnat, est remarquable de finesse, et colle bien au caractère de la gouvernante, capable de comprendre l’embarras de la fille, enceinte, et de lui proposer de l’accompagner pour une interruption de grossesse, de cacher un pistolet dans sa poche pour protéger un fils de la famille, d’écouter la lecture des premiers écrits de l’autre fils, de mettre à la poubelle la preuve d’une infidélité du père dont il ne servirait à rien de faire un drame, de veiller sur Madame quand celle-ci erre dans Rome sans savoir comment revenir chez elle. Confidente, aidant les enfants, soutenant les parents, elle éclaire cette maison et permet aux plus jeunes d’en partir, chacun.e pour son avenir quel qu’il soit. Et elle s’efface, « comme une feuille blanche ».

Italia, publié par P.O.L. après Sorella, est le deuxième roman de la Trilogie Les Promesses.