Plus de 15% dans le rouge, et après ?

Publié le 11 mars 2020 par Chroom

Ça s'excite passablement sur la toile en ce moment, en particulier chez ceux qui sont rentrés sur le marché ces dernières années. Quand on perd près d'un cinquième de la valeur de ces placements en l'espace de quelques jours, on a la gueule de bois et ça remet en question nos certitudes. Il y a peu on nous disait que les choses avaient changé, les valorisations extrêmes des entreprises étaient justifiées du fait des taux d'intérêts très bas et de leur valeur immatérielle qui ne pouvait être déterminée selon les ratios usuels. Une vieille rengaine qu'on a déjà entendu maintes fois par le passé.

Mais voilà, la nature a repris ses bons droits. Les lois de la Finance aussi. Plus on paie cher, plus on perd de l'argent. C'est tellement évident qu'on se demande comment on a pu oublier cette règle que même un enfant de 5 ans est capable de comprendre. Alors, ceux qui ont acheté à vil prix ces dernières années se disent que si le marché vient de chuter de 15% ou plus, c'est l'occasion rêvée de se refaire et d'acheter à bon prix cette fois. Une baisse pareille ce n'est pas tous les jours. Je suis mal barré pour juger, c'est exactement ce que j'ai fait à plusieurs reprises entre 2000 et 2003. Trois ans de grosses baisses et à chaque fois je pensais me refaire. Je peux vous dire qu'à la fin j'avais l'impression d'être passé dans une essoreuse qui tourne à 1'600 tours/minute.

Histoire de mettre les choses en perspective, le ratio du marché des actions US par rapport au PNB se situe à ce jour à 139%. Il est donc considéré comme extrêmement surévalué, malgré la correction de ces derniers jours. Le graph ci-dessous nous montre qu'on avait même légèrement dépassé en décembre dernier les valorisations extrêmes qui sévissaient en 2000. On voit ce qui s'est passé après et où on se situe encore aujourd'hui.

Du point de vue Schiller PE Ratio ce n'est guère mieux. On est certes bien en-dessous des sommets de 2000, mais au-dessus de la fin des années 1960, avant les chocs pétroliers. On était même au-delà de la valorisation qui sévissait avant le tristement célèbre Black Tuesday il y a encore quelques jours. Le PE Schiller médian est de 15.76 et on se situe encore pas très loin du double de cette valeur.

Autre sujet d'inquiétude, le marché est passé sous sa moyenne mobile à 200 jours, ce qui est un signal baissier majeur, confirmé par la littérature scientifique. Le phénomène du coronavirus a été tellement rapide que pour l'instant nous n'avons malheureusement aucune donnée qui indique la portée des conséquences économiques sur les entreprises. La baisse de l'activité a été si brusque et importante qu'il y a fort à parier que les pertes soient significatives. Le risque de récession plane au-dessus de nos têtes et si cela se passe alors il est certain que la correction de ces derniers nous semblera comme un lointain et presque agréable souvenir.