Pour tromper l’ennui et vaincre sa peur, il commandait toujours un double whisky en avion. Il passait ensuite la majeure partie du voyage endormi sur son fauteuil. Ce jour-là on lui annonça une rupture de stock sur les alcools. Il déglutit et considéra avec angoisse les heures à venir dans la carlingue. Prétextant une raison médicale, il demanda à se poser en urgence. Le commandant de bord vint le trouver. Visage livide, yeux rougis, la cravate défaite, puant la vodka à deux mètres, il lui expliqua qu’ils survolaient l’Atlantique et qu’ils ne pouvaient plus faire demi-tour.