New York, Lalie n'y est jamais allée. Elle n'a même jamais osé en rêver. C'est trop beau, trop loin, trop cher. Alors, quand Piotr lui propose de l'y accompagner, elle est prête à tout pour saisir cette chance. A tout ? Non. Car il y a des choses qu'on ne peut accepter. Des contreparties qu'on ne peut pas donner. Et maintenant la voici dans les rues de Brooklyn, face aux regards de travers et aux mille dangers de la nuit, avec une seule obsession : rester éveillée. Résister. Tenir debout.
Un besoin pressant me brûle les doigts. À peine la dernière page tournée, il faut absolument que je vous parle de ce livre dont la lecture me laisse encore tremblante . Tenir debout dans la nuit est un roman qui s'adresse à toutes les femmes , quelles qu'elles soient, aux jeunes filles, mais aussi aux hommes et aux jeunes garçons . C'est un récit coup de poing qui dénonce ce que nous vivons au quotidien : l'insécurité, la violence physique, morale et verbale , le harcèlement de rue , les regards sur nos faits et gestes, notre façon de nous comporter, de nous habiller... C'est une histoire qui parle de consentement et qui invite à enfin oser dire , à oser dire .
Sans téléphone, sans argent, sans possibilité de se faire comprendre du fait de la barrière de la langue, , jeune lycéenne de , erre seule de nuit, en état de choc , dans les rues de , cherchant à fuir , suite à un événement survenu plus tôt dans la journée. On partage avec elle sa colère, sa honte , son désespoir, sa détresse et le regard qu'elle porte sur le monde. Au fil de ses déambulations dans la ville, elle croise différents visages, reflets de la société, aux antipodes du rêve américain .
J'avais beau avoir peur, être perdue, blessée, terriblement honteuse, paniquée, la colère l'a emporté sur les autres sentiments : une colère brute et puissante, énorme et rouge vif, une colère dirigée contre Piotre, bien sûr, mais aussi contre moi, pauvre cloche, qui me suis fourrée toute seule dans un piège terrible; une colère contre le monde entier où, à de rares exceptions près, il vaut mieux être un homme qu'une femme, où une fille ne sera jamais écoutée comme un garçon est entendu, où une femme est une proie et un homme, un prédateur, où l'on invente mille démonstrations, mille excuses, mille causes, mille malédictions, mille prétextes, mille justifications, mille arguments, mille versets, mille sourates, mille décrets, mille lois, mille raisons médicales, mille raisons physiologiques, mille mensonges pour soumettre les femmes au bon vouloir des hommes, où l'on invente de toutes pièces que les femmes sont plus faibles que les hommes, qu'elles doivent être soumises, dociles, obéissantes, dominées et commandées par des hommes.
Dès les premières lignes, je suis tombée amoureuse de ce livre . Chaque mot, chaque phrase m'a profondément transpercée le cœur, me ramenant à certains épisodes de ma propre histoire. Critique de la société actuelle et de la pression sociale que chaque individu subit, ce roman n'est pas pour autant un récit qui met tous les hommes dans le même panier (). Eric Pessan dénonce certes, mais il célèbre aussi le courage de ces femmes qui osent faire entendre leurs voix, qui osent s'élever contre un système qui cherche à les discréditer, à les culpabiliser et à les faire taire .
Vous l'aurez compris, je pense, Tenir debout dans la nuit est un ouvrage dont la lecture m'a profondément marquée et que je recommande ardemment !