Il faut toujours privilégier les règles hygiéno-diététiques en cas de constipation ou de paresse intestinale. Toutefois, en cas d’échec de ces mesures, un traitement contre la constipation peut-être proposé.
Quels sont les médicaments efficaces dans ce domaine, les indications et les précautions d’emploi?
Traitements doux
Laxatifs locaux SelectAfficher
Eductyl®, suppositoires à la glycérine, Microlax®, Normacol® Rectopanbiline®…
Ils se présentent sous forme de suppositoires ou de micro lavements à base de gels de glycérol (glycérine, Bébégel®). Ils s’utilisent par voie rectale et agissent en facilitant la vidange du rectum par un réflexe: effet osmotique (Microlax®) et lubrifiant. Les suppositoires Eductyl® libèrent du gaz carbonique provoquant un réflexe d’exonération.
Indications:
Leur utilisation doit être ponctuelle. Ils sont particulièrement indiqués en cas de dyschésie (Poussée hémorroïdaire, fissure anale…)
Délai d’action: 30 à 60 minutes, quelques minutes pour Eductyl®
Précautions d’emploi
Contre indication: aucune
Effets secondaires: Irritants et risque de modification du réflexe de défécation en cas d’utilisation prolongée.
Interactions: Avec les autres médicaments administrés sous forme de suppositoire
Eaux riches en sulfate de magnésium SelectAfficher
Cure d’1 semaine pour une constipation aiguë ou cure de 28 j si constipation chronique : Miers-alvignac® (eau plate), hydroxydase® (eau gazeuse).
Famille des laxatifs
Généralités SelectAfficher
Les conseils du pharmacien
- Les laxatifs sont très largement utilisés, parfois abusivement. Le recours aux laxatifs doit toujours intervenir en cas d’échec des règles hygiéno-diététiques.
- Les traitements laxatifs doivent être très ponctuels car ils peuvent provoquer une inflammation de la paroi du côlon.
- Privilégier les laxatifs osmotiques en raison de leur innocuité et des effets digestifs moindres (notamment sur la distension abdominale).
- Les laxatifs stimulants, locaux et lubrifiants sont à réserver en cas d’urgence ou si échec des laxatifs osmotiques et/ou des médecines douces.
- Si la constipation est rebelle au premier traitement conseillé, ne pas augmenter les doses, mais consulter votre médecin.
- Attention, certains laxatifs contiennent du sodium parmi leurs actifs (laxatifs salins) ou dans leurs excipients, d’autres du saccharose (Lansoyl®…) pouvant interférer avec l’hypertension artérielle pour le sodium ou le diabète pour le saccharose.
- Attention aux laxatifs car ils peuvent entraîner la » maladie des laxatifs«
Indications des laxatifs
Immobilisation
Prise de médicaments constipants
chirurgie (éviter efforts)
Hémorroïdes, fissures anales
Préparation à un examen (coloscopie)
Atrophie des muscles abdominaux ou péri-anaux
Perte du réflexe de défécation
Contre-indications des laxatifs
Douleurs abdominales d’étiologie inconnue
Obstruction intestinale
Saignements rectaux inexpliqués
Crampes ou coliques
Nausées et vomissements
Constipation inexpliquée
Fatigue ou perte de poids.
5 classes de laxatifs
On distingue 5 groupes de laxatifs: Laxatif de lest, laxatifs osmotiques, laxatifs lubrifiants, laxatifs stimulants et irritants, laxatifs par voie rectale.
Laxatifs de lest
Laxatifs osmotiques
Laxatifs lubrifiants
Laxatifs stimulants
Laxatifs locaux (cf début d’article dans traitements doux)
Laxatifs de lest SelectAfficher
Fibres alimentaires (son de blé) et mucilages: Ispaghul, psyllium, agar-agar, Sterculia…) Mucivital®, Elusanes®, Phytofibre®, Psyllium®, Spagulax®, Transilane®, Normacol®
BENGAST® Regulamine
Mécanisme d’action
Ces laxatifs sont des mucilages regroupés par des macromolécules de nature pectido-cellulosique qui ne sont pas métabolisées donc pas absorbées. Ce sont des gels obtenus à partir de graines (ispaghul, lin, psyllium), des gommes (sterculia, karaya, guar) ou des algues rouges (agar-agar, gélose). Ils agissent grâce à leur propriété hygroscopique: en absorbant l’eau du milieu intestinal, ils gonflent (formation d’un gel) et augmentent ainsi la masse et le volume du bol fécal, facilitant l’évacuation des selles.
Utilisation
Ils sont à utiliser en première intention quand les mesures diététiques sont insuffisantes ou difficiles à suivre.
Délai d’action: 1 à 3 jours. L’effet maximal n’est pas immédiat (au bout d’une semaine environ)
Le conseil du pharmacien
Contre indication: Obstruction intestinale (sténose, cancer, fécalome).
Interactions: Lopéramide et laxatifs de lest.
Précautions d’emploi:
- La prise doit être accompagnée d’une grande quantité d’eau (difficulté chez la personne âgée).
- Le début du traitement doit être progressif en raison du risque de ballonnement causé par les mucilages. Tous les laxatifs de lest contiennent du sucre (à prendre en compte si vous êtes diabétique) sauf Spagulax® effervescent.
Laxatifs osmotiques SelectAfficher
Sucrés: Sorbitol delalande®, Lactulose®, Transipeg®, , Importal® , Macrogol: Forlax® DULCOSOFT®…
ou salins: Hydroxyde de magnésium : Magnésie San Pellegrino®, Chlorumagène®
Mécanisme d’action
Ils agissent par effet osmotique en hydratant les selles. Ils sont hydrolysés par les bactéries coliques en acides organiques qui augmentent le péristaltisme intestinal.
Utilisation
Ils sont à utiliser en cas d’échec d’un laxatif de lest.
Délai d’action: 1 à 2 jours
Le conseil du pharmacien
Contre indication: Obstruction intestinale (sténose, cancer, fécalome), Colopathies inflammatoires (maladie de Crohn, rectocolite ulcéreuse…), douleur abdominale d’origine indéterminée. Le macrogol est à éviter chez l’enfant de moins de 6 mois.
Effets secondaires: La flore bactérienne peut fermenter les laxatifs osmotiques (sauf macrogol). C’est pourquoi, le début du traitement doit être progressif en raison du risque de ballonnement qui régresse au bout de quelques jours. Phénomène d’adaptation en cas de prise chronique
Précautions d’emploi: Ces laxatifs sont à prendre avec une grande quantité d’eau pour une plus grande efficacité. Attention à la présence de sodium dans Hépargitol®. A savoir pour le diabétique: Hépagrume® et Hépargitol® contiennent du glucose.
Interactions: Aucune
Laxatifs lubrifiants SelectAfficher
Huile de paraffine, Parlax®, restrical®, Lansoyl®, Lubentyl®, Melaxose®, Transitol®
Mécanisme d’action
Ils associent lanoline et vaseline ou paraffine pour lubrifier et ramollir les selles.
Comment les prendre?
Délai d’action: 6 à 8 heures. Prise de préférence le soir. Ne pas s’allonger dans les 2 heures suivant la prise (risque de fausse route)
Le conseil du pharmacien
Contre indication: Personnes alitées, affaiblies ou souffrant de reflux (risque d’inhalation bronchique et de pneumonie).
Effets secondaires: Suintement anal à haute dose. Diminution de l’absorption des vitamines liposolubles (A,D,E,K); minorée en cas de prise en dehors des repas. L’huile de paraffine ne doit pas être prise au long cours.
Laxatifs stimulants SelectAfficher
séné, aloès, cascara, bourdaine…; Bisacodyl, docusate sodique, picosulfate de sodium: Contalax®, Dragées fuca®, Lansoyl®, Lubentyl®, Modane®, , Jamylène®, Pursenide®, Dulcolax®…
Ces laxatifs appartiennent à la famille des anthracéniques
Mécanisme d’action
Très utilisés car efficaces très rapidement. Ils ont une action directe irritante sur la muqueuse colique en augmentant la sécrétion intestinale d’eau, des électrolytes et des protéines. Leurs propriétés irritantes contribuent à l’altération des cellules épithéliales.
Utilisation en pratique
A réserver pour une action très ponctuelle après échec des autres laxatifs. Leur utilisation ne doit jamais devenir une habitude. Exception chez le patient en fin de vie si la balance bénéfices/risques en faveur de cet usage.
Délai d’action: 5 à 10 heures. 24 heures pour le Docusate de sodium
Le conseil du pharmacien
En cas de grossesse: risque de contractions utérines et de passage transplacentaire. En cas d’allaitement, passage du médicament dans le lait provoquant de graves diarrhées chez le nourrisson
Contre indications: Colopathies inflammatoires (maladie de Crohn…), syndrome occlusif, douleur abdominale d’origine indéterminée, déshydratation, patient à risque de troubles du rythme cardiaque. CI avant 12 ans, en cas de grossesse et d’allaitement
Effets secondaires:
- A court terme, risque de diarrhée, douleurs abdominales, hypokaliémie entraînant un risque de torsades de pointe.
- A long terme, risque de dépendance, (« maladie des laxatifs »), cancer colique (mélanose colique)
Interactions: En raison de l’hypokaliémie induite par ces laxatifs:
- Risque de torsades de pointe en cas d’association aux anti arythmiques, à certains neuroleptiques, aux benzamides, aux butyrophénones
- Augmentation de la toxicité cardiaque des digitaliques
- Avec les médicaments hypokaliémiants (diurétiques hypokaliémiants, amphotéricine B, glucocorticoïdes. Risque de torsades de pointe
Risques graves avec les laxatifs
Maladie des laxatifs ou fausse diarrhée SelectAfficher
Les laxatifs stimulants peuvent causer une inflammation de la muqueuse colique pouvant aller jusqu’à des modifications anatomo-pathologiques irréversibles !!!
L’abus de laxatifs stimulants ou laxatifs osmotiques salins peut provoquer la maladie des laxatifs encore appelée » fausse diarrhée »:
Alternance de diarrhées et de constipations accompagnées de coliques, qui nécessite alors un traitement médical.
La diarrhée chronique engendrée par l’abus de laxatifs entraîne une hypokaliémie ou à d’autres troubles métaboliques pouvant aboutir à des torsades de pointe.
Cette maladie se rencontre majoritairement chez les femmes pouvant souffrir de troubles psychologiques (phobie de la constipation, anorexie, recherche de la maigreur…)
Interactions médicamenteuses avec les laxatifs SelectAfficher
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A éviter avec Pourquoi
Laxatifs Stimulants, Avec tous les Hypokaliémie en cas
Laxatifs de sels de Cyclines, digoxine, fluoroquinolones Diminution de
Laxatifs de lest Lopéramide Risque d’occlusion
Laxatifs lubrifiants Vitamines liposolubles (A,D,E,K) Diminution de
Laxatifs Antiacides Réduction de
Laxatifs osmotiques à Kayexalate Risque de nécrose |
Autres traitements de la constipation
Bromure de méthylnatrexone: Relistor® SelectAfficher
Bromure de méthylnatrexone Relistor® constitue un traitement de la constipation liée aux opioïdes après échec des laxatifs
Il se présente sous forme de solution injectable (12 mg dans 0,6 ml) destinée à être administrée par voie sous-cutanée (cuisses, abdomen, haut des bras).
Mécanisme d’action
La méthylnaltrexone est un dérivé quaternaire de la naltrexone qui bloque les effets périphériques des opioïdes, surtout liés aux récepteurs mu, sans interférer avec les effets analgésiques centraux.
Utilisation en pratique
Indiqué, chez l’adulte, dans le traitement de la constipation liée aux opioïdes chez les patients présentant une pathologie à un stade avancé et relevant de soins palliatifs, lorsque la réponse aux laxatifs habituels a été insuffisante.
La posologie recommandée est de 8 mg (soit 0,4 ml) pour les patients pesant de 38 à 61 kg et de 12 mg (soit 0,6 ml) pour les patients pesant de 62 à 114 kg, en une dose unique un jour sur deux, pendant ou en dehors des repas. l’intervalle entre deux doses peut être augmenté en fonction du besoin clinique.
La reprise du transit est rapide : dans les 30 à 60 minutes qui suivent l’injection, en moyenne.
Précautions d’emploi
Les effets indésirables les plus fréquemment observés sont douleurs abdominales, nausées, flatulences et diarrhées. En cas de diarrhées sévères, consulter rapidement un médecin
Conserver les flacons à l’abri de la lumière dans le carton d’emballage et à température ambiante
Prucalopride: Resolor® SelectAfficher
Ce médicament appartient à la classe des entérocinétiques. Il est réservé aux femmes après échec des laxatifs
Mécanisme d’action
C’est un antagoniste des récepteurs 5HT-4 sélectif à la sérotonine, situés dans l’intestin. Même si cette molécule est issue de la même famille que le cisapride (plus commercialisé), sa spécificité sur les récepteurs intestinaux permet d’éviter les effets indésirables cardiaques.
Utilisation en pratique
Cette molécule est pour l’instant réservée aux femmes de plus de 18 ans en maintien des règles hygiéno-diététiques, après échec d’un traitement par des laxatifs.
Posologie : un comprimé à 2 mg par jour, 1 mg/jour chez les femmes de plus de 65 ans. Prise indifférente par rapport aux repas
Contre indications: patientes dialysées, perforation ou obstruction intestinale
Interactions: Prudence avec les médicaments qui allongent l’intervalle QT
Effets indésirables: maux se tête, douleurs abdominales, nausées, diarrhées…
Linaclotide: Constella® SelectAfficher
Médicament indiqué dans la constipation sévère dans le traitement du syndrome de l’intestin irritable modéré à sévère
Mécanisme d’action
Le linaclotide est un oligopeptide qui se comporte sur le plan pharmacologique comme un agoniste des récepteurs de la guanylate cyclase C. Il est faiblement absorbé par la muqueuse intestinale et son indication est réservée en cas de syndrome du côlon irritable.
Posologie: une gélule par jour au moins 30 minutes avant un repas
Pyridostimine: Mestinon® SelectAfficher
Ce médicament permet le renforcement des contractions des muscles de l’intestin par son action parasympathomimétique. Il est indiqué en cas d’atonie intestinale.
Contre indiqué en cas d’asthme, de maladie de Parkinson ou de maladies exposant au risque d’occlusion de l’intestin ou de rétention urinaire.
Effets indésirables : Troubles digestifs, salivation excessive, crachats abondants, larmoiement, myosis, crampes et soubresauts musculaires.
La sélection de votre pharmacien
Anne-Sophie DELEPOULLE (Dr en Pharmacie), www.sospharma.net, ma pharmacie en ligne
Dernière modification le: Mar 8, 2020 @ 18 h 24 min