On se remet à parler d'hybris. C'était une idée des Grecs. Qu'est-ce que l'hybris ? C'est la démesure. Autrement dit, "ne plus se sentir pisser". C'est croire que l'on a compris les lois de la nature, voire que l'on peut la commander. "Britannia rules the waves." A hybris succède némésis. Le coup de folie produit une réaction terrible des événements, le courroux divin.
C'est ce qui arrive au scientifique, lorsqu'il sort de son laboratoire, où la difficulté le maintenait dans l'état de modestie. A l'image de Cédric Villani, depuis qu'il n'est plus mathématicien. C'est aussi vrai de l'entrepreneur lorsqu'il croit avoir réussi. Ou du président de la République, lorsqu'il est élu. Tous ces gens oublient que c'était le combat qui les rendaient forts. Quand il n'y a plus de confrontation à la réalité, il n'y a plus rien. Le mal d'Emmanuel Macron, a-t-on dit. Ce que le Belge reproche au Français ?
Hybris est peut être le propre de l'homme et du changement humain. Le fait que le mot soit grec indique probablement que les cultures de la raison, l'Occident actuel et avant lui les Grecs ont été particulièrement forts dans ce domaine. Après-tout ne sont-ils pas à l'origine des guerres mondiales et des totalitarismes ? Et c'est, aussi probablement, ce à quoi ceux qui ont voulu imiter l'Occident, comme les Chinois, ont attribué son succès. Rien de plus terrible que l'hybris d'un peuple à la culture duquel l'hybris n'appartient pas ?