Jusqu’au 31 mai, le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, rue Cabanis à Paris (14) accueille une exposition de Unica Zürn. Du mercredi au dimanche, 14-19h.(vous pouvez cliquer sur les visuels )
Comme j’ai plutôt tendance à séparer l’œuvre de son auteur (une réflexion très à la mode…et je sais que je ne suis pas suivie souvent dans cette idée), je ne vais pas m’appuyer sur la vie difficile de cette artiste allemande, plusieurs fois hospitalisée en psychiatrie et qui a fini par se suicider, pour évoquer son travail. Je sais que la personne elle-même, et sa façon de traverser l’existence, comptent pour un énorme pourcentage dans ses réalisations artistiques. Mais, en général, je me fiche quand même des origines, des raisons, des causes, des influences, des explications….Je ne m’imprègne que du résultat…
Et dans le cas de Unica Zürn, il est formidable.
Ses dessins à l’encre, avec, souvent, aquarelle ou gouache, donnent vie à des êtres fabuleux (ils sortent des fabulations de l’artiste) qui flottent dans un milieux mi-aquatique, mi-interplanétaire. Ces formes, où se mêlent humain, animal et végétal semblent tracées du bout d’une patte de mouche ou d’un cheveu. Je me demande si elle ne travaillait pas avec une loupe? Il n’y a ni épaisseur, ni consistance, ni densité dans ce qui naît sous ses doigts. Tout est transparences, toiles d’araignée, traversées, vides…Et pourtant tout est bigrement existant …
On perçoit griffes, poils, écailles, mues, épidermes, yeux, tentacules, arrêtes, museaux, pattes… On hésite entre mollusques, poissons, dragons, reptiles, félins, spermatozoïdes… ou racines et herbes… Parfois, on discerne un visage, un sein, un sexe féminin…
Etrange impression. A la fois de précision scientifique et d’imagination débridée. Le trait semble continu. Il assemble et réunit cette abondance de créatures ambiguës en une seule définition. Mais il existe aussi des micro- organismes qui ondulent, seuls, sur le papier, indépendants, telles des cellules primitives.
Malgré l’ultra finesse du dessin et l’extravagance des sujets représentés, le travail de Unica Zürn est maîtrisé, organisé, équilibré. Le graphisme est magnifique. Fascinant. Et, en outre, l’écriture, parfois, s’en mêle, court sur la feuille au côté des dessins.
Unica Zürn, d’ailleurs, était également écrivain (poèmes, romans). Elle aimait composer des anagrammes, ce qui colle bien avec ses dessins: une réalité transformée et devenue mystérieuse.