Vendredi 14 février, on apprenait l’assassinat de Mopi Célestine, 64 ans. Elle allait à la paroisse Sainte Joséphine Bakhita du quartier Atrone, pour sa prière quotidienne qui se déroule habituellement de 5h45 à 6h30. Malheureusement Célestine n’y parviendra pas. Elle s’est fait intercepter par un certain Kouspar et ses acolytes qui l’agressent sexuellement et finissent par la tuer sans état d’âme.
Quatre jours plus tard, une jeune dame a été battue par son concubin. Des choses qui "arrivent tous les jours" dans notre société, me direz-vous peut-être. Eh oui ! Toujours est-il que la dame n’a pas finalement survécu à la cruauté de cette violence.
A Moursal, dans le 6eme arrondissement, dans la nuit du 20 au 21 février, Mounbé Cécile, 20 ans, a été victime d’un viol collectif puis abandonnée sans vie dans la poussière.
Ce 22 février, une autre dame de Farcha dans le 1er arrondissement a été battu presque mortellement par son beau-frère. Le pourquoi ? La pauvre dame en question n’aurait pas réservé la part de nourriture de monsieur son beau-frère.
Une série noire qui s’est déroulée en l’espace de moins de deux semaines. Comme prélude à un 8 mars, journée des droits de la femme, on a vu mieux.
La police, apprend-on, a pu appréhender certains auteurs de ces forfaitures. D’autres courent toujours. Par ailleurs, le porte-parole de la police nationale tchadienne, Paul Manga a dénoncé des "crimes crapuleux et odieux", appelant la population à "collaborer" davantage avec le gouvernement pour renforcer leur sécurité.
Devant cette frénétique montée de la violence, la peur s’installe dans les esprits. Les habitants de la capitale et de ses banlieues ne dorment plus que d’un d’œil. En conséquence, des voix comme celle d’Amina Tidjani Yaya de l’ONG la Voix de la Femme (VOF) se sont élevées pour condamner "avec fermeté ces actes de barbarie". De leur côté, certains observateurs ont cru bon de "dépassionner" le débat en plaçant la question plutôt sur le terrain de l’insécurité qui prévaut un peu partout dans le pays. D’autres ont dénoncé l'alarmisme d’un féminisme "surexcité". Ils rajoutent le meurtre d’un cadre de l’administration publique ainsi que celui de l’humouriste Dinar (à la frontière Tchad-Cameroun) survenus durant la même période pour semble-t-il "nuancer" le débat.
Au fond, cette affaire n’est-elle strictement qu’une question de sécurité ? Encore une fois, entendons-nous bien. Certes, ces actes viennent souligner des lacunes que l’Etat devrait combler au plus vite du point de vue de la sécurité qui, rappelez-vous, n’a pas de prix. Autrement dit, si la grande criminalité semble monter d’un cran, c’est probablement parce qu’elle ne rencontre pas sur le terrain une riposte conséquente. Pour autant, doit-on passer sous silence le fait qu’un homme, fût-il son beau-frère ou conjoint, se permette de battre mortellement une femme ? Suffit-il de poster des policiers partout pour endiguer les appétits sexuels incontrôlés ou la chosification des femmes tout court ?
Au-delà de la sécurité publique, cet enchainement de crimes ramène au gout du jour la sempiternelle question des droits des femmes. Et surtout la facilité avec laquelle on banalise souvent les violences qui leur sont faites. Le mal est profond. Il y a un urgent besoin de travailler sur les mentalités les valeurs et les principes démocratiques pour que le respect dû aux femmes soit enfin une évidence.
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