Cette année la journée des droits des femmes commence le 7 Mars, plus précisément le 7 Mars à 22h à l’occasion de la Manifestation féministe de nuit organisée dans différentes villes de France. Cette manifestation non-mixte sonne le coup d’éclat d’une année chargée pour les luttes féministes. La poursuite du mouvement #MeToo, l’implication de nombreuses étudiantes dans l’organisation de collages en France dénonçant les féminicides perpétrés en France, et plus récemment les polémiques touchant le milieu du cinéma à la suite d’accusations de viols et d’harcèlement sexuels à l’encontre de Roman Polanski ou encore de Harvey Weinstein. Voilà le contexte auquel se greffe cette journée du 8 Mars, journée ponctuée par une série de manifestations organisées par différentes associations et organisations féministes en France.
Si les manifestations féministes n’ont pas attendues le 8 Mars pour se faire entendre, c’est tout d’abord dans un contexte de colère et d’émotions à la suite des nombreux féminicides perpétrés en 2019. L’organisation féministe Nous Toutes a ainsi recensé, dès janvier 2019, les féminicides en France, offrant un regard macabre et choquant des réalités des violences genrées atteignant leur paroxysme. En 2019, c’est ainsi 149 femmes tuées par leur conjoint ou leur ex-compagnon. En France, on compte également 93.000 femmes victimes de viols ou tentatives de viols par an, situations pour lesquelles 9 femmes sur 10 connaissent l’agresseur. Face aux faits, le gouvernement d’Édouard Philippe a déployé dès le 25 novembre le Grenelle contre les violences conjugales, mettant en place une ligne d’écoute étendue, multipliant les intervenants sociaux dans les commissariats, et un suivi des auteurs de violence.
Si ce Grenelle n’a pas convaincu les organisations et associations féministes, c’est par son manque d’ambition, le peu de réponses apportées aux revendications militantes, et une situation dans laquelle les femmes victimes restent face à elles-mêmes.
La lutte pour les droits des femmes ne s’étend pas uniquement sur le plan des violences, mais concerne également la place socio-économique des femmes dans la société. En effet, dans les secteurs professionnels, les femmes restent sur-représentées dans les emplois dits "moins valorisés" et ont davantage recours aux contrats à temps-partiel. Néanmoins, les femmes sont davantage éduquées, en effet 31,3% des femmes de 25 à 34 ans ont un niveau d’étude supérieur à un bac+3, contre 26,4% des hommes, malgré un salaire inférieur de 18,5% pour les femmes en moyenne. Ces inégalités se retrouvent également dans les écarts des droits à la retraite avec une retraite de 42% inférieures pour les femmes.
Autant de chiffres qui démontrent inégalités socio-économiques qui renforcent l’exclusion des femmes.
Il est possible de tirer une première conclusion de ces chiffres sur l’organisation des manifestations féministes de cette fin de semaine. Même si les manifestations féministes de ce 7 et 8 Mars s’ancrent dans un contexte fort au niveau national, il n’est pas possible de dire que ce sont des manifestations "d’occasions". En effet, les organisations féministes appellent à une mobilisation militante large, dépassant totalement le cadre de la journée de lutte pour les droits des femmes.
Au cours de cette année 2020, l’organisation Nous Toutes continue de comptabiliser les féminicides depuis le 1er janvier, en plus de la publication de dossiers sur le consentement dans les rapports sexuels, et de mobiliser sur les questions de violences psychologiques et physiques, la culture du viol et la représentation des femmes dans les milieux culturels.
Cette année encore, l’urgence repose sur l’éducation, la libération de la parole, la prise en charge des victimes.
Nous Toutes ! : https://formdivers.typeform.com/to/trk4U9/
Osez le Féminisme : http://osezlefeminisme.fr/
Centre d’informations sur le droit des femmes et des familles : http://www.infofemmes.com/v2/accueil.html
Fédération Nationale Solidarité Femmes : http://www.infofemmes.com/v2/accueil.html
AWID : https://www.awid.org/fr
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