Sur la question de l'argent, j'ai réfléchi et consulté les Anciens à Bénarès. Ainsi que ma conscience, une fois de plus.
Je demanderai désormais :les frais de déplacement et de séjour,
plus un don libre et anonyme.
Sur la question du shivaïsme du Cachemire et des gens qui prétendent représenter cette tradition alors qu'ils enseignent autre chose, il m'a été conseillé de ne pas garder le silence, mais de dire la vérité (facile), tout en gardant mon calme (moins facile). Je vais essayer de le faire, de la manière la plus impersonnelle (mais tout n'est-il pas "impersonnel" ?) et impartiale. Sans y passer trop de temps non plus. Il y a des sujets plus passionnants que de pointer les mensonges, les impostures et les crétineries du Nuage.
Je ne suis pas un représentant traditionnel de la tradition du shivaïsme du Cachemire. Contrairement à d'autres, je n'affirme pas transmettre cette tradition. J'ai reçu des initiations, quelques enseignements oraux, j'ai réfléchi et j'ai expérimenté surtout. Ce trésor, je m'en inspire, il joue un rôle central dans ma vie. Mais je le partage en jetant sur lui (et donc sur ce que je partage) un regard critique. Abhinavagupta et Utpaladeva sont comme mes aînés, mes parents. Je les respecte infiniment, je me nourris chaque jour de leur parole. Mais avec discernement. En fait, c'est surtout leur religion que je critique. Et chaque séjour en Inde me conforte en cela. L'Inde est ma seconde patrie, voire ma première matrie. Et je continuerai de défendre l'Hindouisme contre le "deux poids, deux mesures" du politiquement correct. Mais je me dois de faire preuve de discernement à son endroit. Je ne veux pas finir comme un vieux baba gaga qui ne cesse d’ânonner l"Inde éternelle" alors même qu'il crève de sa pollution et de ses folies. Non, je veux défendre ce qu'il y a de beau et de bon dans l'Inde et dans le shivaïsme du Cachemire. Et je ne crains certes pas de contredire les bobo-gauchistes en faisant cela. Et de piétiner quelques idoles de la Bien-pensance. Les choses sont claires dans mon esprit. Je dis ce que j'ai à dire, peu importe les conséquences. Je ne suis ni un inconditionnel de la brahmanitude, ni de la "Tradition Primordiale" (même s'il y a du vrai dans cette idée), ni certes islamophile, ni anti-capitaliste invétéré, ni anti-libéral radical, ni enthousiaste de la mondialisation et de son "vivre ensemble" si naïf, sans parler des niaiseries de "l'amour inconditionnel" avec leur cortège de clichés usés jusqu'à l'os. Ma vision ne rentre, toute entière, dans aucune catégorie. C'est parfois lourd à assumer, mais c'est comme ça.