Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais j’ai pratiqué la course à pied.
Pas vraiment de manière intensive ni à un bon niveau mais tout de même, fut un temps je courais assez régulièrement.
Je me levais même sur les coups de six heures du matin pour aller tourner autour de l’Île Saint-Louis (très peu de circulation, la possibilité d’être au bord de la Seine quasi tout le parcours).
Cette heure pour le moins matinale avait pour moi, malgré les difficultés à s‘arracher du lit, l’immense avantage d’offrir une piste de course presque déserte. Très peu nombreux étaient les coureurs croisés, deux ou trois réguliers tout au plus ; nous nous saluions d’un discret et rapide mouvement de tête.
Ayant commencé doucement il ne m’a pas fallu très longtemps avant de tomber dans l’addiction et d’aller, hiver comme été, courir une bonne heure deux à trois fois par semaine.
Une certaine fréquence mais sans jamais approcher des performances d’athlète. Il est probable que je n’aurais pas fait de chronomètres dont on peut se vanter aux marathons et semi-marathons (à supposer que j’arrive à les terminer).
Pour autant, à l’acmé de ma pratique, je me sentais infiniment léger et aérien dans mes foulées, presque élégant dans mes tenues décathlon (legging et tour de cou en polaire les jours de froidure, mini-short très échancré et bracelets éponges au retour des chaleurs, pour vous donner une idée du style).
Je me rêvais Anton Krupicka en montant et descendant les escaliers reliant les quais au bord de l’eau, j’avais l’impression d’avoir chaussé les souliers d’Hermès quand je m’appliquais à ne poser les pieds que sur le rebord du trottoir, et rejouais l’Atalante dans le voisinage des corbeaux et rats pullulant à cette heure, en faisant la course avec les péniches de passage.
Et puis je fus stoppé brutalement par un essuie-glace.
Plus exactement par un syndrome de l’essuie-glace, également appelé tendinite du fascia lata ou encore syndrome de la bandelette ilio-tibiale.
Syndrome qui se traduit par une vive douleur au genou apparaissant après 10-15 minutes de course.
J’ai tenté d’ignorer la douleur quelques temps ce qui eu pour effet de m’empêcher les descentes et montées d’escalier, le genou malmené se bloquant tout simplement.
J’ai laissé s’écouler une période de repos conséquente mais la douleur n’a pas attendu 10 minutes après la reprise pour se manifester dans toute sa force.
On m’a conseillé les emplâtres à l’argile verte qui se sont avérés présenter bien davantage de vertus salissantes que thérapeutiques.
Suivant des avis éclairés de coureurs chevronnés j’ai tenté des semelles amortissantes puis des semelles ultra-fines, allongé puis raccourci mes foulées.
Je suis même allé voir un podologue posturologue qui m’a confectionné des semelles orthopédiques sur-mesure censées régler le problème.
Mais elles n’ont fait qu’ajouter de monumentales ampoules à mes douleurs de tendinite.
Las, j’ai tout arrêté.
C’était il y a quatre ans et je n’ai plus couru depuis que pour fuir des situations par trop gênantes.
Il paraît qu’il existe une méthode de course dite médio-pied qui pourrait résoudre mon problème mais je ne suis pas certain d’avoir le courage de consacrer les douze semaines visiblement nécessaires au réapprentissage de la course. Pour un résultat incertain qui plus est.
Et puis j’ai trouvé depuis des substituts pour me défouler (hors natation que j’ai aussi abandonnée, je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé).
Je vous en parlerais volontiers mais pas dans l’immédiat car le temps presse et votre patience s’use.