Eldorado

Publié le 18 juillet 2008 par Lorraine De Chezlo
de Bouli Lanners
Comédie belge - 1h25
Sortie salle France - 18 juin 2008
avec Bouli Lanners, Fabrice Adde, Philippe Nahon....
Prix "Label Europa Cinémas" et "Regards jeunes" - Quinzaine des réalisateurs, Festival Cannes 2008
Notre homme, en rentrant chez lui, découvre sa maison ouverte et trouve le cambrioleur terré sous son lit. Impossible à déloger, il patiente jusqu'au lendemain. Pas banal. Quand notre intrus s'échappe, une chute le blesse. La rencontre peut enfin avoir lieu. C'est un jeune homme en errance qui venait voler la tirelire. Notre homme préfère jouer la carte de l'humanité, jeter l'éponge sur l'incident, et l'avancer en voiture vers la direction qui était la sienne. Et puis de lui donner de l'argent. Et puis de l'accompagner jusque chez ses parents, près de la frontière française.
Et puis ça se transforme en un road-movie totalement barré, car nous sommes en Belgique et que le cinéma sait y être libéré, original, joyeusement bancal. Jubilatoire. C'est un film qui étonne d'emblée, et impressionne rapidement, par son talent, son inventivité et ses moyens modestes. C'est agréable aussi de voir évoluer des acteurs qu'on ne connaît absolument pas et qui sont d'une justesse remarquable. Entre notre homme et le vagabond va se lier une relation qui n'est pas simple. Ephémère mais utile pour eux. Entre l'aidant et l'aidé on ne sait lequel a le plus besoin de l'autre. Tous deux seuls, assez isolé socialement, leur relation pudique donne lieu à des dialogues parfois minimalistes mais qui laissent place à un humour irrésistible. Tous deux ont des blessures qui se révèlent peu à peu : notre homme ne se remet pas de la mort de son frère, le jeune marginalisé SDF sort de la toxicomanie et s'est coupé de sa famille.

Une confiance fragile réussit à s'instaurer, heureusement... ou malheureusement ! Car, nous avaut prévenu un certain voyant-négociant en voitures, notre homme vit pour creuser des tombes, alors on le verra souvent une pelle à la main, pour retourner un potager, pour enterrer un chien... L'optimisme du spectateur est souvent mis à mal, mais le film n'en est pas pour autant lugubre : on rit très souvent, parfois on risquerait de pleurer. Au final, c'est beau, l'image est sublime, et la bande son est exquise. On pourra juste regretter que la fin soit un peu abrupte.On pourrait parler de comédie douce-amère si le mot comédie n'était peut-être pas réducteur. C'est un film d'une originalité très humaine qui raconte avec humour et un brin de folie un petit fragment de vie de deux gars un peu paumés. Le résultat est déjanté, mais tout en maîtrise, c'est là le talent du cinéma belge qui surprend encore.Le gros gros coup de coeur de Kilucru - Les IrréductiblesL'avis plus mitigé de Dasola - Le blog de DasolaRoad-movie très réussi - Critiques clunysiennes