La communication en pleine conscience
Article invité rédigé par Isabelle Mante, du blog seposerpourmediter.fr
Lors de nos relations interpersonnelles, notre façon de communiquer change grandement la façon dont nous entrons en relation. Ces moments d’échange peuvent parfois se passer très bien et d’autres fois, être la source d’émotions, de tensions ou de jugements.Nous pouvons parfois constater que nous ne savons plus écouter vraiment. Des émotions et des discours intérieurs peuvent se manifester, ce qui nous éloigne de la personne avec qui nous échangeons. Pratiquer la communication en pleine conscience peut nous aider à établir un lien plus fort avec nos proches, nos collègues et nos amis.
En nous connectant pleinement à l’instant présent, en étant vraiment à l’écoute, nous sommes plus ouverts, plus bienveillant et plus patients. Nous pouvons aussi être plus conscients de nos paroles et nous reprendre si besoin.
Voyons dans cet article, comment la communication en pleine conscience peut nous aider dans nos relations
Pourquoi communiquer en pleine conscience ?
Les communications sont sources de tensions, nous ne pouvons pas le nier. Parfois, une parole inappropriée ou une interprétation peuvent créer des malentendus, et les disputes sont alors plus fréquentes.
En prenant soin d’installer la pleine conscience pendant ces moments d’échange, nous pouvons remarquer lorsque nous faisons des jugements ou des projections. Avec de l’entrainement, nous sommes ensuite capable de mettre de la distance avec ces jugements et ces pensées. Nous installons alors une communication plus sincère, vraie et efficace.
Nous développons également la capacité à utiliser des mots plus appropriés à ce que nous voulons dire. En fait, nous sommes moins emportés par nos émotions ou nos réactions.
Comment installer la communication consciente ?
Apprendre à écouter
Lorsque nous sommes en relation avec d’autres personnes, nous avons souvent un filtre. Nous pouvons aussi avoir tendance à juger, à anticiper la réponse et à chercher ce que nous pourrions raconter sur nous.
Au lieu d’écouter vraiment, nous laissons la place à des pensées. N’avez-vous pas remarqué comme nous pouvons parfois cherché à raconter une histoire, ou à donner un conseil ? Aimez-vous lorsqu’on vous coupe la parole, qu’on finit vos phrases, ou qu’on vous donne systématiquement un conseil ? Je pense que la réponse est non. Nous aimons que les autres nous écoutent et nous respectent lorsque nous parlons.
En installant une communication consciente, nous pouvons repérer ces tendances. Communiquer en pleine conscience, en installant une écoute vraie et un dialogue conscient, nous permet de changer radicalement nos relations aux autres, mais aussi notre façon de nous relier.
Pratiquer à l’aide d’un exercice
Il y a différentes façons de vous pratiquer à installer une communication consciente. En premier temps, il vous par contre faut remarquer vos propres habitudes d’écoute et de communication. Vous pouvez donc vous entraîner un peu, idéalement avec un(e) ami(e). Demandez à un(e) ami(e) de faire cet exercice avec vous :
Placez-vous face à face, et décidez d’un sujet de discussion, par exemple, la communication.
Décidez qui va commencer à parler et le temps imparti (vous pouvez faire sonner un bip au bout de 4 minutes, par exemple). La première personne s’exprime, pendant que l’autre écoute attentivement.
Pendant l’écoute, remarquez toutes les pensées que vous pouvez avoir, les envies de commenter et les jugements éventuels. Réfrénez votre envie de prendre la parole et soyez vraiment dans l’écoute, jusqu’au bout du temps donné. Si l’autre personne n’a plus rien à dire, restez simplement face à face, sans rien dire.
Une fois que la première personne s’est exprimée, la deuxième s’exprime à son tour.
Quand les deux personnes ont parlé, vous pouvez encore aller plus loin. La première personne qui écoutait peut essayer de redire ce qu’elle a entendu. Cela vous permettra de comprendre si vous avez fait des interprétations ou des projections. Et ensuite, vous inversez à nouveau les rôles.
A la fin de ces échanges, vous pouvez alors passer à une conversation ou les deux personnes s’expriment, en gardant la qualité d’écoute attentive que vous aviez au départ
Vous allez sans doute remarquer que vous avez envie de répondre ou de commenter. Ce n’est pas un problème, mais faites-le une fois que votre compagnon de jeu a terminé de s’exprimer.
Tout au long de l’exercice, soyez bienveillant l’un avec l’autre, mais aussi vis-à-vis de vous-même. Ne vous blâmez pas si vous constatez que vous avez des pensées de jugement et des envies d’intervenir.
Parler en conscience
Nous avons surtout abordé la façon de s’écouter vraiment, mais qu’en est-il de notre discours ?
Parfois, pris dans nos émotions ou nos sentiments, nous pouvons avoir tendance à modifier notre façon de nous exprimer. Nous pouvons aussi avoir tendance à nous protéger ou à être sur la défensive. Je vous invite donc à explorer la parole juste.
C’est quoi, la parole juste ?
En bouddhisme, nous parlons de parole juste : une parole qui ne blesse pas, qui n’est pas mensongère, et qui est donc vraie. Vous pouvez donc viser une parole juste.
Combien de fois vous êtes-vous dit « je n’aurais pas dû dire cela ! » ? Ou, avez-vous remarqué dans le regard de la personne à qui vous vous adressez que vous l’avez blessée ? La parole juste vous permet de ne pas regretter vos paroles et d’installer de la bienveillance et de la sagesse autour de vous. La parole juste, c’est une parole consciente.
Comment installer la parole consciente ?
Vous pouvez vous faire aider par votre compagnon de jeu, et choisir un sujet d’actualité brûlant par exemple. Pendant que vous vous exprimez sur le sujet, demandez à votre binôme de remarquer les mots qui exagèrent, qui déforment et qui jugent.
Soyez bienveillant en faisant le retour, et acceptez les remarques pour vous aider à modifier vos paroles, à les rendre plus juste.
Dans le bouddhisme, la parole juste consiste en 4 qualités. Aidez-vous de ces qualités pour améliorer votre discours :
- Dire la vérité : ne pas mentir. Celui qui parle juste ne ment pas. Il ne cherche pas non plus à taire la vérité en gardant le silence si on lui pose des questions. Le seul moment où il est acceptable de ne rien dire, c’est quand cela risque de blesser quelqu’un. Alors le silence est approprié, pas le mensonge.
- Ne pas dire de paroles malveillantes : nous devons surveiller ce que nous disons, et même si c’est la vérité, nous devons nous abstenir de prononcer des paroles qui pourraient blesser. Parfois nous médisons sur quelqu’un ou nous disons la vérité à quelqu’un dans le seul but de nous valoriser. Nous devons nous poser la question du but de nos paroles, et nous rappeler que celles-ci peuvent être la source de bien des malheurs.
- Parler avec douceur : éviter d’utiliser des jurons, des injures ou des mots grossiers qui sont comme des armes pour celui qui les entend. Nos paroles blessantes sont inutiles, elles font du mal à la personne qui les entend, mais aussi à nous-mêmes.
- Pas de bavardages futiles : nous pouvons parfois nous laisser embarquer dans les cancans, les rumeurs. Apprenons à nous prémunir en ne diffusant pas ces propos, mais aussi en ne les écoutant pas. Cela peut vous paraître très difficile au début, si vous êtes en contact avec des personnes médisantes. Aussi, vous pouvez essayer de changer de sujet, dire à la personne « cela ne m’intéresse pas » ou « parlons plutôt d’autre chose », ou tout simplement quitter la pièce, si cela ne suffit pas.
Comment pratiquer la communication consciente quand on est en colère ?
Tous ces bons conseils sur la parole juste peuvent vous sembler difficiles à mettre en place lors de relations houleuses. Pour vous expliquer comment pratiquer la communication consciente même lorsque ça va mal, je vais vous raconter une anecdote qui me concerne personnellement.
Avant de devenir instructrice de méditation, je travaillais en entreprise. Un jour, je me trouvais confrontée à un chef qui était très en colère contre moi et qui est arrivé dans mon bureau en hurlant. Je sentais que j’étais très déstabilisée et très affectée émotionnellement. J’ai alors décidé de me connecter à mon souffle et de ne pas écouter ces paroles, de ne pas les recevoir mais juste de les entendre comme une succession de mots. Je le regardai en hochant la tête pour lui montrer que je l’entendais, mais je ne disais rien.
Il est sorti de mon bureau et l’incident était terminé. Il avait dit ce qu’il avait à dire et je n’ai pas eu à réagir, car cela n’aurait servi à rien.
Plusieurs mois plus tard, quand j’ai quitté cette entreprise à la fin de ma mission, cet homme m’a écrit une magnifique lettre de recommandation. Je l’ai toujours conservé, pour me rappeler que la parole juste, parfois, c’est de se taire. Dans d’autres situations, bien sûr, il peut être plus approprié d’exprimer calmement notre propre vérité dans la bienveillance. Soyez le juge de cela pour vous même dans le moment.
Enfin, il peut sembler difficile d’installer une communication consciente au quotidien, mais avec un peu d’entraînement, vous gagnerez en conscience. Le tout, deviendra plus naturel. De plus, si vous méditez régulièrement et si vous prolongez la pleine conscience dans votre quotidien, cela vous facilitera grandement la tâche.
J’espère que cet article vous aura donné quelques pistes intéressantes. N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires
Sujets abordés dans cet article
- comment méditer au quotidien
- Comment pratiquer la pleine conscience
- méditation pleine conscience
Techniques de Méditation - L'art de méditer au quotidien