"Kim Jiyoung, née en 1982" de Cho Nam-Joo, un roman coup de poing, à mettre entre toutes les mains !

"Kim Jiyoung, née en 1982" 
de Cho Nam-Joo
Editions Nil

Homo sapiens sapiens, sérieux ?

De tous temps, les femmes et les hommes ont été confinés dans des rôles sociaux genrés déterminés.
Homme = Chasseur de bête et d'argent = Chef de famille = Maître du foyer
Femme = Immobile = Épouse et mère = Femme au foyer
Chacune et chacun a sa place et le patriarcat sera bien gardé.

Femina liberata

Universelle et pérenne, cette configuration familiale a longtemps entretenu une domination masculine et a fait des femmes, des mineurs assujetties à leur mari.
Heureusement, la société a évolué : Suffragettes, mouvement de libération de la femme, accès aux études, au monde du travail, à la sexualité, la pilule contraceptive, l'IVG, au divorce... Bref ! Les mentalités ont commencé à bouger. Ce fut le temps heureux des femmes libérées ! Enfin, ça, c'est ce qu'on a cru.

Le 21ème siècle sera féminin ou ne sera pas.

Visiblement, il ne sera pas... Si les progrès sont effectifs, ils sont loin d'être suffisants ni mêmes acquis. Et alors qu'on croit à une égalité des sexes en action, le plafond de verre et le mur de béton ne sont jamais bien loin.
Dès la naissance, la domination masculine s'infiltre dans les layettes bleues et roses, inoculée par l'éducation et les projections socio-familiales, sur les tout petits.
Tu seras un homme, mon fils. Tu seras une mère, ma fille.
Tu seras identifié n°1 et toujours premier, mon fils - Tu seras n°2, toujours suivante et servante, ma fille.

Reine du logis

Car oui, les petites femelles humaines sont rapidement initiées aux arts ménagers. On lave, on repasse, on plie, on range, on ordonne, on est subordonnée. Même femme active, libre et libérée, ces premières fonctions restent incrustées. Sauf exception, laquelle d'entre nous n'a jamais proposé du café à tout le monde, parce qu'elle s'en préparait un pour elle ?

Bonne maman

Quand vient le temps de la maternité, choisie ou influencée, c'est toute la société qui renvoie la future parturiente à son foyer. Après tout, devenir mère, n'est-il pas le plus beau métier du monde ?  Injonction publicitaire pour culpabiliser les femmes. Et si c'était vraiment un métier, ne devrait-il pas avoir un un cursus professionnel mixte ? 
Profiter du congés mater, c'est donner foi à un combat remporté. En même temps, l'écourter pour privilégier sa carrière, est salué. Mais cela ne va-t-il pas défavoriser toutes celles qui ne veulent pas si vite retravailler ? Alors, on fait quoi ?
Et après être devenue épouse et mère, que reste-t-il d'une femme ? Que lui reste--t-il d'elle-même ?

"Kim Jiyoung, née en 1982" 

Voici la vie d'une petite fille, née en Corée du sud, en 1982; mais cela pourrait-être moi, née en 1973, en France, ou une autre femme, née entre les années 70 et aujourd'hui, n'importe tout sur terre.
"Kim Jiyoung, née en 1982", c'est l'histoire des femmes du monde entier. De toutes celles qui croient bien faire, faire comme il faut, faire ce qu'on attend d'elles. Toutes celles qui se battent, plient et acceptent, les exigences d'une société sexiste, pour trouver leur place. Une place, c'est tout ce qu'elles veulent. Ni plus, ni moins que celle d 'un homme. Cela semblait possible, pourtant... Sauf que la réalité les a rattrapées. Vidées, broyées, conditionnées, aliénées. N°2, pour toujours. Ne pas l'oublier. Même si on sent la folie guetter...

Cho Nam-Joo, autrice de talent.

C'est l'histoire d'une femme singulièrement ordinaire, à la destinée universelle. C'est avec une plume aiguisée, que Cho Nam-Joo raconte les rêves de Kim, ses luttes, ses espoirs et ses détresses.
Cruel, brut et d'une justesse implacable, "Kim Jiyoung, née en 1982" de Cho Nam-Joo, est un roman coup de poing, à mettre entre toutes les mains.
Téri Trisolini
"Kim Jiyoung, née en 1982" 
de Cho Nam-Joo
Editions Nil
"Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut..."