Bayard Jeunesse
Traduit de l'anglais par Diane Ménard
Avril 2018
668 pages
19,90 euros
Roman ados dès 12 ans
Thèmes : Famille, Miracle, Théâtre
Quatrième de couverture : Tout commence par un voyage en mer en 1766 sur le Kraken où se joue une pièce de théâtre... Entrez dans cette histoire en images et suivez une grande famille de comédiens, les Marvels, de génération en génération, jusqu'en 1900. Puis, découvrez, un siècle plus tard, l'histoire de Joseph, échappé d'un austère pensionnat. Le garçon vient chercher refuge à Londres chez son oncle Albert Nightingale. Ce dernier vit dans une étrange maison comme sortie d'un autre monde...
Qui vit entre les murs ? Qui sont ces Marvels dont les portraits fleurissent partout ? Joseph décide de percer le mystère des lieux...
Après L'invention de Hugo Cabret, je n'ai pas eu l'occasion de me replonger dans l'univers de Brian Selznick. Avec la lecture de ce deuxième roman graphique, je suis encore conquise par la force de proposition de l'illustrateur et par son univers surnaturel qui touche à l'atemporel. L'ouvrage s'ouvre sur une série d'images dévoilant l'histoire du Kraken un navire ayant fait naufrage en 1766... du naufrage au sauvetage de l'unique survivant qu'est Billy Marvel... c'est là que l'épopée familiale des Marvels débute avec son lot de pièces de théâtre mais aussi ses drames et épreuves...
C'est un roman incroyable que nous offre Brian Selznick, un de ceux, tellement intense et puissant par ses images évocatrices. Une aventure étonnante pleine de magie qui rend un très bel hommage au monde de l'imaginaire, des rêves, des images : celui du monde du théâtre et l'art de la mise en scène. Les illustrations du roman racontent l'histoire et le texte tient une place mineure dans la qualité de l'ouvrage. Le lecteur sera ébloui par les superbes crayonnés gris clair d'une extrême délicatesse, marquant les personnages d'expressions émotionnelles comme l'émerveillement, la tristesse, le bonheur, la peur, le chagrin, la perte. Les dessins en noir et blanc dégagent une atmosphère à la fois douce et sombre.
Les illustrations sont surprenantes et cet ouvrage atypique possède un charisme fou, un charme suranné et nostalgique. Les Marvels invite le lecteur à une expérience unique, forte, originale : celle de la découverte d'un récit conçu sur le mode de la mise en abîme, des fenêtres ouvertes sur le théâtre, entre réalisme et représentations sur scène. En tournant ces pages, on découvre tout comme Joseph un monde fait de secrets, d'images insolites pour susciter et créer de l'émotion. La deuxième partie du roman se poursuit en du texte pur et raconte l'histoire de Joseph qui recherche son oncle. Il y a des non-dits, des blessures et des silences... mais Joseph découvre le médaillon de Billy le survivant et plonge dans l'histoire familiale...
Ce roman est un voyage à lui tout seul dans lequel le lecteur devient un spectateur comblé. Roman graphique d'une richesse incroyable, Les Marvels est à classer, incontestablement, dans la catégorie chef d'oeuvre de la littérature de jeunesse. Et que ceux qui me disent que la littérature de jeunesse n'est pas pour les adultes, je leur répondrais que L'invention de Hugo Cabret tout comme Les Marvels est un exemple parfait et prodigieux de leur erreur.
Les Marvels c'est une expérience de lecture d'une grande richesse, surprenante et déroutante qui joue sur l'émotion suscitée par l'harmonie entre images et mots. Je ressors de cette lecture, intriguée, dépaysée et fascinée par la magie inspirée de l'imagination de Brian Selznick.