Même si aucune étude ne permet de déterminer des données précises à ce jour, les grandes saisies dans les différents pays témoignent de l’ampleur du phénomène sur le continent. Pour exemple, ce sont 67 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits et 200 tonnes de faux médicaments saisis respectivement à Lomé et à Abidjan de juin 2018 à novembre 2019. Un record. Mais aussi une économie lucrative selon la Fédération internationale de l'industrie du médicament (FIIM). Les faux médicaments représenteraient 30 à 80% des produits vendus sur le continent. Avec un manque à gagner pour l'industrie pharmaceutique de la plupart des pays africains qui s’élèveraient à près de 169 millions de dollars.
Ce qui n’est pas fait pour faciliter la tâche aux gouvernants de ces dits pays. Ces derniers ne disposant pas de règlementations strictes adaptées à leurs stratégies de lutte pour contrer et traquer les faussaires. Pendant ce temps, les conséquences sanitaires sont dévastatrices. Les faux médicaments sont à l’origine de milliers de morts en Afrique.
"Un médicament sur 10 en circulation dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est, selon les estimations, soit de qualité inférieure, soit falsifié. Cela signifie que les patients prennent des médicaments qui ne peuvent ni traiter ni prévenir la maladie. Il s’agit non seulement d’un gaspillage d’argent pour les personnes et les systèmes de santé qui achètent ces produits, mais les produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés peuvent aussi entraîner de graves maladies voire des décès ", constatait déjà l’OMS dans son communiqué de presse du 28 novembre 2017 à Genève. Un constat plus qu’alarmant qui risque de faire doubler le nombre de morts si l’on n’y prend garde. Et pour cause, les hôpitaux publics, pour la plupart ne disposent d’aucun équipement adéquat. Encore moins de médicaments de première nécessité tels que les antipaludéens, antibiotiques et antidouleurs. Or la pauvreté au sein des populations africaines est grandissante. Les revenus de ses habitants ne leur permettent pas la prise en charge des frais de santé exorbitants. Ils sont donc obligés de se tourner vers les médicaments contrefaits à bas prix achetés sur les marchés. D’où ces décès en cascade auxquels nous assistons. Plus de 100 000 morts par an selon l’OMS.
Les 17 et 18 janvier 2020, sept chefs d’état africains se sont réunis à Lomé au Togo pour trouver une solution à ce fléau. De cette rencontre, un "accord-cadre " a été signé. Il est censé criminaliser ce commerce. Par ailleurs, il a souhaité l’intégration des pays africains aux accords internationaux déjà existants telle que la "Convention Medicrime".
Rappelons que selon le traité 211 du Conseil de l'Europe sur la contrefaçon des produits médicaux et les infractions similaires menaçant la santé publique, la " Convention Médicrime est le premier instrument international dans le domaine du droit pénal faisant obligation aux États Parties d’ériger en infraction pénale : la fabrication de produits médicaux contrefaits ; la fourniture, l’offre de fourniture et le trafic de produits médicaux contrefaits ; la falsification de documents ; la fabrication ou la fourniture non autorisée de produits médicaux et la mise sur le marché de dispositifs médicaux ne remplissant pas les exigences de conformité". Mais à quand l’application stricte de ses dispositions ? Les gouvernements africains sont vivement interpelés à prendre leurs responsabilités. Benjamin Griveaux, le candidat de la République en marche aux élections municipales à Paris vient de jeter l’éponge. L’ancienne "petite main" de Dominique Strauss-Kahn n’a pas tiré les leçons du scandale de son mentor et n’a pas retenu que mélanger...