Vous aimez être pris en photo, vous ? Vous aimez poser devant un objectif, tenter vainement d'avoir l'air naturel, hésiter sur le fait de sourire ou pas, de regarder l'objectif ou la ligne bleue des Vosges, obéir tant bien que mal aux injonctions du photographe ("mais ayez donc l'air naturel !") ? Moi, je déteste ! Je n'aime rien tant que les photos impromptues de moi, et me sentir contraint, en représentation, posant, en somme, me met mal à l'aise. Et, du coup, mes 'portraits' sont rarement bons. Le portrait posé est à la fois une affirmation sociale de soi et une révélation involontaire de son intime; il est aussi à l'intersection du privé et du public.
C'est toute la problématique de la pose, bien ex-posée dans le volet "studio" de cette exposition (à la Tate Modern à Londres jusqu'au 31 Août, puis à l'excellent Folkwang Museum d'Essen d'Octobre à Janvier), et la contribution au catalogue de Susanne Holschbach ('The Pose : Its Troubles and Pleasures', p. 171-177) m'a beaucoup inspiré. Et aussi celui qui a écrit : "Si je pouvais'sortir' sur le papier comme sur une toile classique, doué d'un air noble, pensif, intelligent, etc.! [...] Je voudrais en somme que mon image, mobile, cahotée entre mille photos changeantes, au gré des situations, des âges, coïncide toujours avec mon 'moi' (profond, comme on le sait)"
La pose est aussi aisément détournée, moquée, trafiquée, ainsi avec Cindy Sherman, ou, de manière plus drôle, avec le Camerounais Samuel Fosso, qui se met en scène de manière frontale, libérant ses fantaisies créatives (ci-contre, La femme américaine libérée, hors exposition).
D'autres adoptent une pose, se conforment à une image pré-établie
En conclusion de ces trois billets, une exposition très intéressante, plus riche dans sa partie historique que dans sa présentation de photos contemporaines, mais fort bien argumentée.