Transgenre

Par Jperino @Jonoripe

Aredius, mon commentateur favori me demande d’éclaircir une tribune signée par 1000 personnes et publiée par Libération, le journal de la modernité moderne en lutte contre toutes les discriminations. Je m'y colle donc en espérant que mes lecteurs feront preuve si possible de culture non genrée.

Le titre :

Entre le féminisme universel et un féminisme intersectionnel il n'y a aucun débat. Seule la transphobie persiste,

Facile à comprendre quand on sait que intersectionnel désigne l’ensemble des sections de discrimination (attention au contresens ce n’est pas entre les sections) donc quasiment l’universel à l’exception évidente de la transphobie que l’on ne peut pas caser ni entre ni parmi les sections. Pour en savoir plus sur l'intersectionnalité cliquez. 

de l'Etat jusqu'à Twitter.

C’est un peu l’équivalent profane de "De la terre jusqu’au ciel" dans un autre ordre.

A toi ma sœur, mon frère, mon adelphe

OK un adelphe est soit un frère soit une sœur, bref quelqu’un de sexe indéterminé (sibling en anglais).  Indispensable pour éviter les impairs avec les Trans.   

Tribune : Nous sommes des femmes, nous existons. Nous, femmes, hommes, adelphes ne sommes pas l’objet d’un débat. Il n’y a pas de débat entre le féminisme universel et un féminisme intersectionnel. Il n’y a pas matière à faire une tribune Il n’y a pas de «pour» et il n’y a pas de «contre». Il n’y a pas de débat dans le féminisme.

Voilà qui est clair. Cette tribune n’est pas une tribune comme le disait Magritte. Pas de débat féministe, tenez-vous le pour dit.

Il y a la transphobie. Vos juges ne nous accordent pas les papiers. Vos patrons ne veulent pas de nous. Vos journaux nous mégenrent quand nous sommes mortes. Ils donnent la place, complices, à votre haine. Vos médecins nous mutilent quand nous sommes intersexes. Ils refusent nos traitements. Votre police nous terrifie. Nous redoutons vos prisons. Vos fétiches quand nous baisons. Nos familles sont brisées. Nos militantes sont harcelées et tabassées. Nos corps sont assassinésBalancés du haut d’un pont. Nos corps doivent être stérilisés et notre descendance ne nous appartient pas. Nos corps n’existent pas dans vos livres. Vous ne comptez pas nos mortes. Vous effacez notre histoire.

Encore un passage facile à comprendre quand on sait que les trans ne veulent pas qu’on les mégenre, surtout après leur mort. Les trans veulent qu’on considère leurs corps morts et pas qu’on les balance par-dessus les moulins. Les trans veulent braver la bienséance en toute liberté.

Bref, inutile que je commente la suite qui me semble des plus limpide quand on sait que l’on vit dans une société non seulement transphobe mais aussi nécrophile, violente et binaire. Surtout binaire si on pense à toutes ces bites qui nous entourent.

Il y a l’organisation systémique de la transphobie par votre société : de l’Etat au Twitter d’une ex-Femen. Il y a la haine des femmes transgenres, des hommes transgenres et des personnes transgenres. Chacun de vos mots est un coup porté dans nos ventres. Il y a la précarité et la solitude qui nous poussent au suicide. Notre solitude est une prison dont le patriarcat a la clé. Et c’est du fond de ta cellule, ma sœur, mon adelphe, que tu nous entends crier ici.

Ils disent que tu en fais trop. Ils disent que tu renforces leurs clichés genrés. Ils disent aussi que tu n’en fais pas assez. Ils disent que tu essaies mal. Ils disent que tu aurais besoin de chirurgie. Ils disent que tu mutiles ton corps. Ils parlent toujours à ta place. Ils exhibent ton corps sur les réseaux. Ils n’utilisent pas ton vrai nom. Ils refusent ton humanité. C’est du sexisme : leurs injonctions contradictoires et leurs standards impossibles. C’est de la violence : on tue celles et ceux qui n’ont pas de nom. Tu es une femme comme une autre. Tu as un nom. Lève les yeux sur ton corps. Prends ce qui t’appartient. Dérobe-toi. Crie : échappe-leur ! Ces femmes refusent ton humanité, ces hommes te condamnent à mourir : hurle maintenant avec nous. Ne débats pas. Dis : je meurs de votre société binaire et violente. Mais je ne me contenterai pas de vous survivre. Je vivrai. Et je ferai de votre société nécrophile un jardin pour mes adelphes.

Merci de votre attention !