Suite à des plaintes émanant des associations Sherpa et Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) ainsi que de sept ex-employés indiens et népalais des chantiers du Mondial 2022 au Qatar, une enquête a été ouverte sur les accusations de "travail forcé" et de "traite" d'êtres humains, contre le groupe immobilier français Vinci.
Ce mardi, on a appris que l'instruction a été ouverte en novembre dernier, par le doyen des juges d'instruction français de Nanterre, Serge Tournaire.
Les plaignants accusent Vinci, Vinci Construction Grands Projets (VCGP), sa filiale Qatari Diar Vinci Construction (QDVC) et leurs représentants, de "réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel".
La plainte a été déposée après une enquête menée par l'association Sherpa en Inde en septembre 2018 et qui a permis de réunir de nouveaux éléments et témoignages d'anciens travailleurs qui viendraient confirmer la première enquête de l'ONG menée en 2014 au Qatar.
Une première plainte déposée en mars 2015 à Nanterre contre Vinci Construction Grands Projets et sa filiale au Qatar avait été classée sans suite en février 2018.
Ces enquêtes ont permis à Sherpa d'affirmer que les employés immigrés de Vinci, dont les passeports sont confisqués, travaillent entre 66 et 77 heures par semaine sur les chantiers de la Coupe du monde, sont entassés dans des chambres exiguës aux sanitaires insuffisants, perçoivent moins de 190 euros comme rémunérations sans rapport avec le travail fourni, soit "1,83 % du salaire moyen qatari", et sont menacés de licenciement ou de renvoi dans leur pays en cas de revendications.
De son côté, Vinci réfute toutes ces accusations, affirmant avoir mis en place depuis dix ans au Qatar, de nombreuses initiatives qui ont inspiré les nouvelles réglementations sur les droits des travailleurs mises en place récemment par les autorités du pays d'accueil.