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Ici n'est plus ici de Tommy ORANGE

Par Lecturissime

Ici n'est plus ici de Tommy ORANGE

A Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais tentent de s'insérer dans une société gangrénée par la violence et la pauvreté. Ils défendent leur histoire, comme Dene qui recueille les témoignages d'indiens de tous horizons. A l'occasion du grand pow-wow, douze personnages se croisent, le pow-wow étant un lieu de rassemblement essentiel pour leur culture : "un endroit où cultiver un lien entre tribus, un lien ancien, qui nous permet de gagner un peu d'argent et qui nous donne un but, l'élaboration de nos tenues, nos chants, nos danses, nos musiques. Nous continuons à faire des pow wows parce qu'il n'y a pas tant de lieux que cela où nous puissions nous rassembler, nous voir et nous écouter."

Que signifie être un indien aujourd'hui, dans un monde qui vous happe et vous aliène et comment retrouver cette essence même de votre être ?

"Mais nous sommes le résultat de ce qu'ont fait nos ancêtres. De leur survie. Nous sommes l'ensemble des souvenirs que nous avons oubliés, qui vivent en nous, que nous sentons, qui nous font chanter et danser et prier comme nous le faisons, des sentiments tirés de souvenirs qui se réveillent ou éclosent sans crier gare dans nos vies, comme une tache de sang imbibe la couverture à cause d'une blessure faite par une balle qu'un homme nous tire dans le dos pour récupérer nos cheveux, notre tête, une prime, ou simplement se débarrasser de nous. "

Ce beau roman met en scène diverses façons d'appréhender la culture indienne, à travers des destinées particulières, chacun étant marqué par une histoire personnelle dense et souvent torturée.

"Quand nous entreprenons de raconter notre histoire, les gens croient que nous voulons la réécrire. Ils sont tentés de nous dire "pauvres losers" ou "passez à autre chose", "arrêtez de jouer les procureurs". Mais s'agit-il vraiment d'un jeu ? Seuls ceux qui ont perdu autant que nous voient la singulière méchanceté du grand sourire de qui pense avoir gagné en disant : "Tournez la page." Le hic, c'est que si quelqu'un a la possibilité de ne pas penser à l'Histoire, ni même de la prendre en considération, qu'il l'ait bien apprise ou non, croire qu'elle mérite considération ou non, alors cela signifie qu'il sait être à bord du bateau où l'on sert des petits-fours et tapote ses oreillers, pendant que d'autres sont à la mer, nageant, se noyant, ou grimpant sur de petits canots pneumatiques qu'ils se relaient pour garder gonflés, les essoufflés, qui ignorent le sens des mots "petits-fours" et "tapoter". "(p162-163)

Ce que j'ai moins aimé : beaucoup de personnages, il est souvent difficile de s'y retrouver...


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