Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais je suis un cabri.
Je saute fréquemment sur ma chaise en criant l’Europe l’Europe, l’Europe.
Sans doute cet engouement est-il pour beaucoup fort curieux (quand il n’est pas scandaleux).
J’ai l’impression qu’aujourd’hui l’Union Européenne est davantage source de déceptions et de reproches qu’autre chose.
Les déceptions me semblent pour une part compréhensibles. Pour les gens de ma génération, l’Europe fut presque présentée comme la grande aventure politique de notre temps, le chemin vers la paix perpétuelle et la prospérité tout en étant un instrument à même de garder la tête haute face aux géants (Les USA, l’URSS alors, la Chine depuis quelques dizaines d’années), façon paradoxale de flatter une chauvine volonté de puissance dans un abandon – partiel – de souveraineté.
Avec de telles attentes il est sans doute naturel que le retour de bâton soit brutal et que des déceptions on passe au procès quasi permanent.
Avec pour conséquence des reproches paradoxaux où l’Union Européenne est successivement l’héritière du communisme, le cheval de Troie du néo-libéralisme, obsédée par la production de normes en pagaille ou par la dérégulation tous azimuts.
Entendons-nous bien, je ne prétends pas que les mesures politiques qui sortent des institutions européennes ne sont pas critiquables (même si j’ai tendance à penser qu’il y a plus de mauvaises accusations que de justes récriminations).
Mon propos est davantage de dire que les (à mes yeux grandes, très grandes) vertus du projet se trouvent moins dans le contenu qu’il propose que dans le processus qu’il défend :
- Un système de codécisions sur une base de mises en commun entre des pays liés surtout par des siècles de conflits. (Système permettant de parvenir à une échelle plus à même de résoudre certains problèmes tout en respectant autant que faire se peut le principe de subsidiarité.)
- Une structure cherchant à concilier (délicat équilibre) les intérêts des nations et ceux des individus tout en se dotant d’un organe exécutif.
- Le tout sur fond de normes partagées. (Normes qui au regard de ce qui se pratique dans une bonne part du vaste monde me semblent tout à fait valables.)
Mais je constate à ce point que ma note est déjà longue et pas très folichonne (qu’est-ce que le sujet me rend sérieux, dites-donc !). Il me faut d’urgence la conclure car le but était aujourd’hui de vous renvoyer à une manière de reportage sur le Parlement européen fait il y a près d’une dizaine d’années, manière de reportage que je considère, avec mon regard de cabri, comme une de mes meilleures productions.
Je vous encourage donc à cliquer sur le lien que voici en espérant que la note du jour n’a pas trop entamé votre appétit de lecture d’autant que le temps presse et que votre patience s’use.