"L’analphabète" n’est pas une nouveauté pour Catherine Salviat, elle l’a déjà interprétée ces dernières années au théâtre parisien des Déchargeurs dans une mise en scène du franco-libanais Nabil El Azan.
Mais pour elle, "Il ne s’agit pas de rejouer ce très beau spectacle qui a eu sa vie propre, mais de continuer à faire entendre un récit extraordinaire au fil duquel Agota Kristof, en racontant cette irrésistible poussée vers l’écriture, revient à ses années d’enfance, à sa découverte de la lecture et à cet exil politique qui l’a privée des siens, de son pays natal et peu à peu de sa langue maternelle, faisant d’elle, qui était pourtant déjà poète en Hongrie, en Suisse, une analphabète".
Le récit est paru en 2004 aux éditions suisses Zoé et se compose de onze chapitres, brefs, d’une écriture sobre et simple qui nous mènent de Hongrie en Suisse, de l’enfance heureuse de l’auteur à son âge adulte, du nid familial chaleureux à l’exil, d’une longue maternelle connue à une autre qu’elle doit apprendre pour survivre… Mais dans tout cela aucun misérabilisme, aucun pathos mais plutôt une leçon de vie teintée d’optimisme et parfois de drôlerie.
C’est ce que Catherine Salviat nous livre sur le ton de la conversation, sur une scène dépouillée avec seulement les jeux de lumières de François Cabanat qui est aussi scénographe. Elle est vraiment Agota Kristof qui nous raconte son enfance dans le petit village de Csikvánd à l’ouest de la Hongrie où elle est née le 30 octobre 1935, entre un père instituteur et une mère qui enseigne les arts ménagers, la mort de Staline, l’exil en 1956 quand elle a 21 ans, le passage difficile de nuit à la frontière autrichienne avec sa fille de quatre mois dans les bras, l’arrivée en Suisse, le travail à l’usine d’horlogerie près de Neufchâtel, l’apprentissage d’une nouvelle langue et le soir l’écriture, romans, nouvelles, pièces de théâtre, poèmes qui la rendront bientôt célèbre et qui seront souvent traduites. Ce qui lui vaudra de nombreuses distinctions dont le Prix Schiller, le Prix de l'État autrichien pour la littérature européenne, le Prix Kossuth de l'État hongrois ou le Prix du livre inter… Ce qui ne l'empêchera pas de se sentir analphabète dans la langue française qu'elle qualifie parfois d'ennemie.
Agota Kristof est morte en Suisse le 27 juillet 2011 et ses cendres ont été transférées dans la ville hongroise de Kőszeg, où elle avait passé quelques années de sa jeunesse. Benjamin Griveaux, le candidat de la République en marche aux élections municipales à Paris vient de jeter l’éponge. L’ancienne "petite main" de Dominique Strauss-Kahn n’a pas tiré les leçons du scandale de son mentor et n’a pas retenu que mélanger...