les pas du coeur sont comptés
ma jeunesse en cendres, la voilà
à présent je viens à vous
aimez-moi
Voyez, les traces aux semelles
c’est tout ce qui reste
n’en soyez pas étonnés
la foudre rejoint partout
ceux qu’elle aime
épargnant aux autres
tel malheur
ou certaines vérités
Tous, ici, tous ceux qui habitent la peine
et que la peine habite
aimez-moi comme on aime sa patrie
à travers les murs au-delà des flammes
en l’espace d’un oiseau tranchant sa clarté
de l’océan jusqu’aux larmes
pleurez-moi, que je sois consolé
Je viens à vous, aimez-moi
avant la fin du monde
si le monde se meurt
je pars avec lui
Aimez-moi j’arrive à vous
afin de n’être pas étranger
À défaut d’espoir
et de rêve
faites qu’à l’horizon déchirant
de mon âme
se lèvent des firmaments constellés
et qu’au grand jour
éperdument
je vous aime
comme on n’aime plus.
***
Yves Boisvert (1950–2012) – Aimez-moi (XYZ, 2007)