Si vous êtes amateur d’art, vous connaissez certainement la Station culturelle. C’est une jeune association qui a proposé plusieurs expositions à la Coursive, rue Lamartine en 2019. Les cimaises de ce nouveau lieu alternatif ont accueilli les créations réalisées par de jeunes plasticiens pendant les six mois de résidence passées à la Coursive : Ford Paul, Glwadys Gambie, Pauline et Mathilde Bonnet, Luigi Savon. Le public a pu également découvrir les travaux récents de Mathieu Guerard, Chien Fer, Raymond Médélice. Chacune des expositions étaient accompagnées de rencontres thématiques autour de la démarche de l’artiste et d’ateliers créatifs.
https://aica-sc.net/2019/03/28/le-nouveau-rendez-vous-foyalais-des-amateurs-dart/
Le dynamique pôle culturel de l’association, Elena Lou Arnoux, Cindy Cartesse, Laura Bucher, Coline Gacel, Eline Bourgues, ont prévu un programme conséquent pour le premier semestre 2020.
En premier lieu, développer en Martinique le concept Inside Out de JR. Ce sera aux Terres Sainville le 17 avril prochain. JR est mondialement connu pour ses collages photographiques qui envahissent les murs et font descendre l’art dans la rue à la rencontre de ceux qui ne fréquentent pas forcément les musées. Depuis 2011, il a lancé le projet participatif Inside Out, ouvert à tous et qui peut être développé partout librement. Des portraits grand format de la population sont affichés sur les murs pour partager un message. A ce jour, plus de 260 000 personnes ont déjà pris part au projet au cours de 1801 actions de groupe dans 142 pays, de l’Equateur au Népal, de Palestine au Mexique.L’opération, menée en partenariat avec l’IPAF festival, est parrainée par Gorges Arnauld, Victor O et Gilles Saint Louis et le slogan retenu pour la Martinique est Soyez fiers, fières.
Trois photographes, Benny René Charles, Samuel Mourouvin, Dan Beal ont donc photographié près de 250 personnes dans une cabine conçue et construite par les étudiants du Campus Caribéen des Arts. Les clichés sont envoyés à l’équipe de JR pour un traitement de mise en conformité avec leur charte : cadrage, filtres. Ils seront collés sur 6 ou 7 larges murs de Terres Sainville mi- avril.
La force de la Station culturelle réside dans son insertion dans le tissu social. Des associations du quartier, La Croix Rouge, Le mouvement du Nid, interlocuteur de terrain des femmes prostituées du quartier, Les petites tables, un centre d’accueil pour adultes en situation d’handicap mental participent au projet. Parallèlement une petite exposition des photographes Benny René Charles, Samuel Mourouvin, Dan Beal, intitulée Capsule, est présentée place de l’Abbé Grégoire dans un espace sympathiquement aménagé dans le cadre d’un partenariat avec Bois Nature.
Le second projet phare du semestre, c’est l’exposition de sortie de résidence de Brice Lautric et Kidjanaha Waccus à la Coursive à partir du 13 mars. Tous deux sont diplômés du Campus Caribéen des Arts.
Les installations de Brice Lautric présentent une intéressante fusion entre photographie et sculpture. En rupture avec une approche exotique du paysage, ce sont des auto-paysages. Ils fonctionnent comme des auto- portraits, lèvent le voile sur l’intimité de l’artiste et questionnent la mémoire. Ce sont des paysages familiers, réceptacles des souvenirs de l’artiste. Ces images sont sérigraphiées sur des plaques offset usagées où perdurent des traces d’impression antérieure. Les plis du métal imitent les méandres de la mémoire et recomposent l’image. Ponctuellement des effets d’ effacement renforcent en contrepoint certains fragments comme le ferait la mémoire sélective.
Kidjanha Waccus, toujours en quête de nouvelles rencontres humaines et de techniques plastiques inconnues voyage sans cesse. C’est le matériau qu’elle collecte lors de déambulations et flâneries qui déclenche le processus créatif, toujours à partir d’objets déchus et récupérés. Kidjanha décline et marie dessin, sculpture, installation, performance, poésie, musique, design. Elle gomme les frontières entre art et artisanat d’art, entre art et design. Ses dessins deviennent sculptures, ses sculptures évoluent en costumes pour ses performances. Tous les supports de présentation de ses œuvres sont conçus et réalisées de ses mains à partir de vieilles palettes de récupération. Son univers est poétique, inattendu, enchanteur.
Les prochains numéros de L’œil du lézard sont consacrés à ces deux jeunes plasticiens dont il ne faut rater sous aucun prétexte la très prochaine exposition, le 13 Mars à la Coursive.