Dans l'Ut-Delà

Publié le 20 février 2020 par Hunterjones
Elle avait un pouvoir je le savais.
Elle venait de dire que "si le ridicule tuait, tout le monde serait mort là dedans". Elle réagissait à notre écoute de Le Killing, série Québécoise que j'ai savouré avec délectation sur le net. Trop fan de la série, je me drapait du même coup, de ridicule. Je suis donc mort sur le coup.
Mais contrairement à ce que j'avais toujours pensé, un bureau sur un nuage avec St-Pierre, fonctionnaire, assis derrière, plume à la main, on m'a accueilli autrement là-haut.
"Que...qu'est-ce que vous faites? où suis-je vraiment?" ai-je demandé semblant déranger celui qui était penché sur une feuille et qui écrivait: "I really got a lucky life, my writing, my motorcycle and my wife..."
"L...? Lou Reed?"
J'étais bien parmi les morts. Lou m'a indiqué que j'étais arrivé au paradis, que ça n'avait rien de ce que les gens sur terre avait toujours pensé, sinon les morts. C'était labyrinthique et confus, mais pas tellement plus que sur terre. Que le vrai message de la vie sur terre était qu'il ne fallait pas prendre la grandeur pour de l'importance et ne pas penser que l'ambition était signifiante.
Et qu'à la mesure de mon intérêt pour les arts de mon vivant, il avait été entendu que je commencerais mon séjour dans l'au-delà au moins au départ, dans un environnement musical.

Après avoir laissé mes empreintes à...(CHRIST À MARC BOLAN!) un poilu sur moto, une jeune femme (JANIS!) me guidait vers un ascenseur dans lequel se trouvait Roger P. Nelson.
Je ne savais vraiment pas quoi lui dire. Tout ce que j'ai trouvé à dire à Prince a été :
"toutes...toutes ses belles femmes autour de toi...tu...t'as...enfin...je... je ne sais pas quoi te dire..."
"Où va tu?" m'a t-il demandé.
"Alphabet Street" m'a t'on dit.
Il a ri.
"Ils se moquaient de toi, tu as le look, c'est ici que tu descends" a-t-il dit.

Un comité d'accueil s'y trouvait. Micheal Jackson en tête.
"Trop vieux!" a-t-il dit en me voyant sortir et il a vite tourné les talons. En revanche j'ai semblé attirer l'attention de la belle (mais vraiment trop mince) jeune femme à ses côtés. Un vieil homme semblait curieux de voir qui sortait de l'ascenseur. Il guettait l'action de sa chambre où semblait s'activer quelques femmes légèrement vêtues. Il a vite semblé désinterressé. Un autre homme était aussi près de lui.
"Nous on attends une colombienne ou une fille des Caraïbes ou les deux!" a t-il beuglé avant de claquer la porte.

John Lennon et George Harrison avaient tous deux une guitare en bandoulière tout près et m'ont lancé un classy "Welcome mate!".
"Je...je ne fais que me choisir une chambre sur l'étage?" que j'ai demandé au gars que je voyais dans son bain un peu plus loin. Il ne m'a pas répondu. C'est un autre gars dans un bain qui m'a répondu que oui. Ça semblait être la section des bains puisque me rendant vers la chambre 237, j'ai aussi croisé deux très belles femmes dans leur plus simple élément, dans leur bain aussi. Puis j'ai été surpris par un homme faisant l'électricité dans ma salle de bain.
"Je n'en ai que pour une petite minute" m'a-t-il dit, avant de me laisser dans mon intimité.

J'étais étrangement bien. L'odeur de cannabis aidant. En effet, sur la terrasse voisine un rasta s'en donnait à coeur joie avec deux amis. Le plus imposant des trois m'a demandé si je voulais les joindre et on a fraternisé un peu. Je leur ai demandé si ils pouvaient m'indiquer où trouver Juice WRLD ou XXXtentation, ne serais-ce que pour me rappeler mon fils, ils l'ont pris personnel, trouvant que j'associais tous les noirs ensemble et m'ont viré de leur terrasse. Ils avaient eu le temps de me dire ce qui m'attendais.

Rien. Après la vie, on ne fait enfin plus rien, sinon ce qu'on veut. Deux éméchés, whiskey en main n'ont pas eu de difficultés à me convaincre de me joindre à eux pour quelques rasades. Mais leurs manies de frapper sur tout en tout temps avec des baguettes a fini par m'agacer. J'avais besoin d'aller au petit coin, et un ivrogne vomissait dans leur salle de bain. J'ai demandé à un timide aux cheveux longs dans le corridor si il y avait des toilettes publiques. À la salle de bain, j'ai surpris deux boys se livrer à des cochonneries JoelLegendresques.
"Oh guys! get a room!" que je leur ai dit. Un peu agacé par leur manque de pudeur. Pas pu faire ce que je voulais y faire. La cabine était occupée par un obèse de toute manière.

J'étais un peu désorienté. Deux poilus ont semblé me parler mais je ne leur ai pas prêté attention. J'ai rejoint une piscine où un blond tentait de séduire une belle brune, tous deux DANS la piscine. Interceptant un possible flirt, je me suis poussé ailleurs. Non pas sans avoir eu l'impression d'avoir croisé mon père dans cette piscine.

"Hey tu veux un tatou?" m'a demandé un punk.
Je lui ai dit que je n'avais jamais été séduit par les tatous et que dans l'autre monde, ça n'avait pas tellement changé. C'est soudainement Joe Strummer que j'ai vu sortir de son salon.
Je suis resté saisi. Je croyais qu'il s'en allait ailleurs, lui.
Qui était l'assistant du tatoueur lui ai-je demandé, il semblait appliqué. Il m'a répondu qu'il était comme moi, Québécois.
DÉDÉ! J'ai tout de suite été le voir pour savoir si il y avait une section Québécoise, pour peut-être trouver mon père. Pas dans la section musicale, non, m'a t-il dit.
"...mais j'ai croisé une actrice! un acteur! un réalisateur de film! Y a pas que des chanteurs et des chanteuses et il doit y avoir d'autre civils comme moi, ici, non?"

"Ce que tu vois, t'es le seul à le voir, comme sur terre, buddy" m'a-t-il dit, un peu blasé. Patrick Esposito de Napoli riait tout juste à ses côtés. Et je crois bien que c'est Chichin qui se trouvait aussi là.
Un suicidé comme Dédé...ça voulait dire qu tout le monde était accepté ici.
Mais est-ce que je vivais bien tout ça? Mort?
C'est fou ce que ça me donnait le vertige cet endroit. J'ai dit, à personne et à moi-même en même temps:
"C'est bien ça le paradis?"

"Seulement pour les imbéciles" m'a répondu un binoclard qui m'avait entendu.
"Ne te sens pas si seul" m'a dit l'autre binoclard à ses côtés.
"Tu ne fais que parcourir un rêve, champion" m'a dit un gars, sans rapport,  à côté.
J'ai marché, sans but, dans ce drôle de décor aussi futuriste que déjanté. Puis j'ai croisé Ian et Kurt.

"Il y a donc de la place pour vous aussi, ici."
"Les églises n'ont jamais eu raison là-dessus" m'a répondu Curtis
"Les églises ont toujours été des prisons" m'a dit Cobain.
Puis soudain, devant moi en train de prendre un autoportrait avec plusieurs de ses amis et nouveaux amis, ce qu'il n'avait jamais fait sur terre...
"...papa?...."
Comment est on géolocalisé sur un téléphone intelligent? ai-je eu le temps de penser.
Avant que je ne ramasse mon filet de bave qui perlait sur l'oreiller. Avec un chat qui plantait son nez sur le mien.
C'est la gars pas rapport qui avait raison, je parcourais un rêve.
Je dors bizarre ces temps-ci.