Le syndicaliste Hugo Moyano, l’un des ténors de
la CGT, le syndicat lié au péronisme historique, un camionneur au
verbe haut et très agressif envers la droite, malgré son étrange
tentative de rapprochement avec Mauricio Macri qui n’a pas fait
long feu dans les premiers mois du mandat présidentiel de celui-ci
en 2016, et Patricia Bullrich, l’ancienne ministre de la Sécurité de Macri, haïe
par la gauche (et l’adjectif est faible) et elle aussi violente
dans ses propos comme dans ses actes politiques, se disputent
actuellement la présidence du Club Atlético Independiente, dont les joueurs
sont surnommés les Diablos Rojos (les diables rouges), à cause du
maillot (rien à voir avec l’équipe nationale belge), l’un des
très nombreux clubs professionnels de Buenos Aires, qui jouent à
l’ombre des deux géants, Boca Juniors au sud et River Plate au
nord.
La
lutte de ces deux personnalités hors normes, chacune dans sa
catégorie, nous paraît, à nous en Europe, assez surréaliste. Elle
n’en montre pas moins à quel point le football est pour la société
argentine un lieu où se rencontrent ses grands enjeux, d’une
manière symbolique tant qu’on est sur la pelouse.
Ce
qui éclaire d’un autre jour la très récente et très décriée nomination de Mauricio Macri à la tête de la Fondation de la FIFA
(1), autre singularité assez mystérieuse pour les Européens, où
un ancien chef d’État cherche à continuer d’exister à travers
ce sport emblématique.
Ceci
dit, si Patricia Bullrich se fait élire, son élection va féminiser
le monde footeux et sérieusement chahuter le Landerneau du ballon
rond.
Pour
en savoir plus :
lire
l’article de Página/12 (pas tendre pour l’ancienne ministre, sa
bête noire)
lire
l’article de La Prensa
lire
l’article de La Nación
lire
l’article de Olé, un quotidien sportif, où le vice-président du club, Pablo Moyano, le fils de Hugo, dans le même style
que son père, dézingue la candidature de l’ex-ministre dont il
doute même qu’elle ait payé sa cotisation, qu’elle soit jamais
venu voir un match, qu’elle sache où se trouve le stade du club,
tant il est vrai que dans sa carrière politique de parlementaire
puis de ministre, elle n’a jamais montré le moindre intérêt
public pour le foot.
(1)
après que son équipe dirigeante du Boca Juniors ait été remplacée
par une autre liste, inscrite nettement plus à gauche. Et n’oublions
pas le ministre des sports, au niveau fédéral, qui n’est autre
que l’ancien président du San Lorenzo de Almagro, le fameux club
dont le Pape François est sociétaire depuis sa jeunesse.