Bernard Stiegler fait tout avec passion. La contestation, l'élevage, la restauration, le cambriolage, la philosophie. Pas le bac, pour cause de révolte contre un système éducatif, de banlieue, délabré, mais sommité de la pensée, "people" engagé dans toutes les expérimentations sociales.
Des livres difficiles, apparemment, mais une parole claire. (Dommage qu'il ne commente pas ses ouvrages ?) J'ai cru comprendre quelque-chose à la phénoménologie, grâce à lui. Ce serait une reprise du cogito ergo sum de Descartes : je ne suis sûr que de moi, comment puis-je m'assurer que je pense bien ? Voilà qui tombe à pic, en ces temps de post modernisme et de post vérité ?
Applique-t-il ce principe ? Il est convaincu que, sauf un miracle, l'espèce humaine va disparaître. Il est aussi convaincu qu'il y aura de moins en moins de travail. Il est, encore, convaincu que les habitants de Seine Saint Denis n'ont pas d'avenir. C'est pourquoi il veut les préparer à faire contre mauvaise fortune bon coeur. Avec toute une équipe de scientifiques, il les observe et il fait des expériences sur eux. L'avenir du pauvre : animal de laboratoire ?
Etrange qu'il ne se soit pas demandé pourquoi l'ascenseur social ne fonctionne plus, et qu'il ne fasse pas profiter le laissé pour compte de son expérience ? Comment utiliser la prison pour faire des études, devenir une autorité morale, et, avec une fille normalienne, illustrer la reproduction sociale ?
(Une émission de France Culture.)