Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais la lecture occupe quelque place dans ma vie. A l'intérieur de cette place trônent en majesté une cinquantaine de livres. Et parmi ceux-ci, The Rest is Noise d’Alex Ross.
Il y a une forme de règle, au moins de récurrence dans les conditions d’arrivée d’un certain nombre de livres parmi ceux qui trônent en majesté dans la place occupée par la lecture dans ma vie.
Je pense même vous en avoir parlé ou au moins décrit un cas semblable lors de la note parlant de Solomon Gursky de Mordecai Richler.
Cela commence par un emprunt en médiathèque – en l’occurrence ce fut la Médiathèque musicale de Paris sise 8 porte St-Eustache, 75001 Paris, établissement pourvu d’une assez remarquable collection de livres consacrée à la musique et aux musiciens – puis, au bout de quelques pages l’enthousiasme commande de rendre le document pour aller lui trouver au plus vite un remplaçant dans une librairie (si possible d’occasion).
Cette fois l’emprunt ne fut pas fait au hasard, même pas guidé par l’attrait d’une couverture ou une propice mise en avant par un bibliothécaire séduit par l’ouvrage.
J’étais venu le chercher.
Alex Ross m’était déjà un peu connu comme nom en tant que journaliste musical au New Yorker (un remarquable article sur Schubert m’était déjà passé devant les yeux) et son livre récemment sorti – nous étions en 2010 – apparaissait régulièrement, cité ou en photo, sur les fils twitter, murs facebook ou pages de blogs de plusieurs personnes dont j’avais pris l’habitude de tenir le goût musical en assez haute estime.
Bien m’en prit une nouvelle fois – cette haute estime s’est construite sur l’expérience aussi – l’épaisseur du pavé (un peu plus de 700 pages) n’ayant pas résisté bien longtemps à mon appétit pour lui.
Une saga palpitante sur la musique du vingtième siècle, de Mahler à John Adams en passant par Britten et Hindemith, Ligeti et Gershwin.
(Avec, en manière de fil rouge aux apparitions en pointillés, de fréquentes références au Doctor Faustus de Thomas Mann.)
Je sais que plusieurs de mes connaissances, dont j’ai pris l’habitude de tenir le goût musical en assez haute estime, n’ont trouvé que peu de qualités à ce livre, le jugeant superficiel et davantage porté sur l’anecdote que l’analyse critique – ce qui n’est pas faux mais, dans le cadre de ma lecture à fond de train, ne m’a dérangé en rien – ou encore profondément ennuyeux ce qui me laisse davantage perplexe.
En ce qui me concerne, j’ai trouvé dans la lecture de cet ouvrage, outre le plaisir un peu primaire du lecteur toujours avide d’aller à la page suivante, outre également le flot d’informations petites ou grandes dont on aime à parsemer ses conversation quand l’envie de se faire mousser vous prend – ce qu’après, immanquablement, je regrette, m’insultant à loisir à voix haute le lendemain, c’est un autre sujet dont je parlerai sans doute, mais cette phrase est déjà très longue – j’ai trouvé dans cette lecture, donc, des pistes vers de nouvelles délices musicales.
J’ai raffermi l’affection que j’avais pour Chostakovitch et suis allé voir au-delà de sa musique de chambre, eu envie d’insister un peu du côté de Sibelius – depuis un de compositeurs que j’écoute le plus – me suis pris d’affection pour Aaron Copland et me suis débarrassé d’une tenace défiance à l’égard de la musique de Richard Strauss.
De tous ces noms cités vous devez vous douter qu’il y en a quelques uns dont je vais vous parler ici, et peut-être même plusieurs fois mais un autre jour car le temps presse et votre patience s’use.