Voilà donc le sujet de ce début de trêve estivale. Le méchant
Philippe Val directeur de Charlie Hebdo a décidé après un long différent de stopper la collaboration de l’hebdo satirique avec Siné, caricaturiste historique, sous prétexte d’une chronique qualifiée « d’antisémite ». L’objet du délit : Siné a écrit : « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »
Cette chronique est en effet à consonance antisémite. Mélanger le judaïsme, la réussite sociale, l’argent et l’arrivisme est l’une des tactiques les plus éculées des antisémites de tous bords…
Alors on pourra toujours rétorquer que Siné en a écrit des choses aussi sur les musulmans et les chrétiens…Certes. Mais concernant ces derniers, il s’en prenait précisément à la religion ou aux signes religieux (en l’occurrence le hijab), alors que dans sa chronique sur Jean Sarkozy et l’héritière Darty, il sort de la légitime critique religieuse en associant judaïsme, fortune et arrivisme. De plus, un texte d’excuses lui aurait permis de rester à Charlie…
Cela n’a jamais été ni drôle, ni pertinent. Ses chroniques étaient toujours à la limite du débordement. Desproges le qualifiait même de la façon suivante : « Siné est le seul gauchiste d’extrème-droite ». L’homme n’est pas un analyste, mais un provocateur anar (de droite ?), anticlérical. Ok. Dont’t act.
Mais Siné est aussi un personnage un peu trouble. Il a participé à
la liste Euro-Palestine lors des dernières européennes qui surfait sur un anti - sionisme et l’importation du conflit israélo-palestinien en France… aux côtés de « personnalités » telles que Dieudonné ou Alain Soral… Le contexte Siné éclaire son texte récent.
Du coup, le flot de reproches fait à
Philippe Val aujourd’hui est bien plus que la simple défense d’une plume. Elle s’inscrit dans la guerre des deux gauches. Celle qui flirte allègrement avec le brun. Et l’autre qui a toujours refusé les compromissions douteuses, qui ne défend pas au même moment les droits de l’homme et le terrorisme. Cette gauche rouge-brun pour qui la misère est la seule cause qui vaille d’être défendue. Peut importe qu’il faille être un peu terroriste…Cette gauche qui adule Tariq Ramadan et ses amis. Cette gauche qui préfère La Mecque à la démocratie fut-elle bourgeoise… Cette gauche, à mon sens n’a pas sa place à Charlie Hebdo. Si Val est aujourd’hui et depuis longtemps sa cible, c’est parce qu’il a opéré ce tournant. Qu’il a fait de Charlie un journal de gauche authentique. Merci Val !
Quoi d’autre ? Je viens de finir les « enfants de l’empeureur de Claire Messud chez Gallimard ». Ce livre qui suit la trajectoire de trois amis trentenaires dans le New York des quelques mois qui précèdent le 11 septembre est un subtil portrait de génération et d’époque. A lire !