L’époque valorise en effet les "beaux arts" et un vent de modernisme commence à souffler dans les rangs des peintres, écrivains, sculpteurs, etc. Le studio d’Adler se situant place de la République, puis, aux Batignolles, les modèles choisis par l’artiste sont tous rencontrés lors de ses flâneries dans les quartiers populaires, puis invités à venir poser chez lui.
"J’ai donc décrit la foule humaine et anonyme de la grande ville et de ses faubourgs pendant une grande partie de ma carrière. Je me suis penché avec une sympathie cordiale sur les humbles et les simples, trouvant auprès d’eux l’écho de mes pensées", déclara Jules Adler lors d’un discours à Bruxelles en 1924.
Les rues de Paris représentent une source inépuisable d’inspiration pour qui s’intéresse à ses petits métiers ("Trottin", "Faubourg Saint-Denis"), à ses badauds ("Accident", "Matins de Paris", "Printemps de Paris"), ou encore à ses employés ferroviaires. Au même titre que Monet et Caillebotte avant lui, Adler a célébré la figure du "cheminot" qui inspire méfiance et peur, en cette fin de XIXe siècle lancée à toute allure dans la Révolution industrielle.
"J'ai de magnifiques histoires simplement humaines de chemineaux rencontrés sur la grand'route. J'en ai employé. J'en ai hébergé. Je les ai découverts. Et, si je les aimés, ils me l'ont bien rendu" (extrait du même discours). Sans être assimilé aux artistes de mauvaise vie comme Gustave Courbet ou Toulouse Lautrec, Jules Adler n’a jamais caché ses sympathies politiques pour les milieux socialistes et anarchistes. Il effectua le portrait de grandes figures de ces deux mouvements dont celui de son ami Lucien Barbedette, militant pacifiste et anarchiste.
Par ailleurs connu sous le nom de "peintre des humbles", il s’applique à montrer le quotidien miséreux des indigents et l’épuisement des ouvriers dans la même lignée naturaliste qu’Émile Zola. Le texte explicatif de l’exposition souligne ainsi : "Dans ces œuvres puissantes, dénuées de tout pittoresque, la palette du peintre se fait sombre et épaisse (…) Les travailleurs éreintés des "Las" sont d’ailleurs inspirés d’un passage de l’Assommoir, tandis que "La Mère" évoque le personnage de Gervaise". Attestant de sa proximité intellectuelle et artistique avec Zola, Jules Adler ouvrira grand les portes de son atelier pendant l’affaire Dreyfus où se rencontrent les défenseurs de ce capitaine juif dégradé pour des motifs antisémites.
Plusieurs volets de l’œuvre d’Adler se concentrent également hors de Paris. Il se lance sur les routes de France à la rencontre des ouvriers de la région industrielle que constitue la Belgique et le Nord, tout en documentant la grève du Creusot. Il rencontrera une ruralité inspirant de nombreuses toiles auprès des paysans de sa région natale, du Limousin et des marins de Bretagne. Si la religion reste soigneusement cantonnée à la sphère privée en France, les milieux sionistes cherchent à concrétiser et caractériser un "art juif".
Adler exposera ainsi plusieurs toiles à Berlin dans le cadre d'une exposition-manifeste "Asstellung Jüdischer Künstler" en 1907, et à plusieurs autres reprises dans les décennies qui suivent. Son œuvre ne traite d'aucun thème juif spécifique et fut pas perçue comme telle par ses contemporains.
Adler a toujours néanmoins affirmé son appartenance au judaïsme, traduite notamment par ses thèmes de prédilection populaires et ses opinions politiques. Peut-être cette citation est-elle la plus à même d'en exprimer le rapport du peintre à son héritage familial et culturel juif : "je pense souvent qu’il doit y avoir une sorte de relation, que les images de la souffrance sociale m’attirent tellement parce que je suis Juif et que mes ancêtres, pendant des générations, ont tant souffert.” Jules Adler, décembre 1906. Benjamin Griveaux, le candidat de la République en marche aux élections municipales à Paris vient de jeter l’éponge. L’ancienne "petite main" de Dominique Strauss-Kahn n’a pas tiré les leçons du scandale de son mentor et n’a pas retenu que mélanger...