Spécial 1000ème | Juanes So Far : 2000-2019 (Partie II : 2010-2019)

Publié le 17 février 2020 par Heepro Music @heepro

J’avais découvert Juanes en 2002, lors d’une soirée organisée par des amis, à Valence, en Espagne. Ce ne sera que lors de l’été suivant, en 2003, que je commençai à apprécier sa musique. Aujourd’hui, j’avoue que jamais, il y a quinze ans, j’aurais cru ni continuer à écouter cet artiste ni que ce dernier continuerait d’avoir autant de succès et, surtout, autant de crédibilité.


Partie I : 2000-2010 (prochainement)


« Amigos » est un très beau titre d’ouverture, un écho parfait au titre de l’album. Si le thème de l’amour est un classique dans l’art en général, celui de l’amitié l’est déjà beaucoup moins en musique. « Yerbatero » avait été le premier single du disque, en sortant plusieurs mois avant la sortie de P.A.R.C.E. dont il n’annonçait pas forcément la couleur, bien que ce soit, après des écoutes répétées, un excellent choix de single !

La suite propose du classique chez Juanes : des morceaux entraînants (« La soledad », le très fête de village « Segovia », « Todos los días » ou encore le deuxième single « Y no regresas »), ou plus apaisés (« La razón », « El amor lo cura todo », « Esta noche »).

Le sommet de l’album est sans hésitation « Lo nuestro » avec un climax bouleversant en fin de titre ! Juanes n’avait probablement pas composé un tel morceau depuis ceux de Un Día Normal. De plus, est-ce une évolution ou cela est-il dû à la production qui est sans faute, jamais la voix de Juanes n’avait sonné si juste et si personnelle, et ce constat est évident sur « Lo nuestro », « La razón » ou « El amor lo cura todo ».


En effet, le sixième opus du Colombien poursuit dans la lignée de ce qu’il a fait jusqu’à présent. Et, comme pour le précédent, il s’est attaché les services d’un grand producteur anglais et, après Stephen Lipson, c’est au tour de son compatriote Steve Lillywhite de bosser avec l’un des artistes latinos les plus en vogue de ces dernières années. Certains regretteront peut-être encore une fois l’absence du collaborateur des débuts, le Mexicain Gustavo Santaolalla.

Onze titres « a lo Juanes » vous feront passer par tous les états habituels chez le charismatique Colombien. Bien sûr, cliché parmi les clichés mais de suite assumé, l’amour est au cœur de toutes les attentions de Juanes comme c’est souvent le cas dans la musique latine. Pourtant, le résultat est d’un panache salvateur et bénéfique jouissif.

Le premier extrait « La luz » suffira amplement à vous faire adhérer, ou non, à la musique de Juanes, si vous faites partie de ceux qui ne le connaissent toujours pas. Ensuite, l’intégralité de Loco De Amor vous fera fondre, comme moi. La belle surprise pour moi est de voir comment Juanes réussit, sans vraiment se renouveler, à continuer à trouver de l’intérêt dans ses chansons qui touchent à chaque fois en plein dans le mille. Son secret réside tout simplement dans une simplicité, c’est-à-dire une sincérité et une candeur mêlée à un amour évident de la musique et de son public.


En 2017, tout comme lors de la sortie du précédent Loco De Amor, ou de P.A.R.C.E. avant lui, il est évident que Juanes reste plus que jamais attendu au tournant, tant la musique qu’il fait semble ne pas pouvoir évoluer en elle-même. Et malgré tout, à chaque nouvel album, c’est la claque : Juanes fait du Juanes, mais réussit sans cesse à se renouveler sans pour autant se renier, loin de là. Les thématiques abordées dans Mis Planes Son Amarte demeurent sensiblement les mêmes, de l’amour à la guerre… et frappent ainsi à chaque fois dans le mille sans jamais lasser. Ici, on l’aura compris, l’amour tient une place encore plus centrale qu’à son habitude.

Avec Mis Planes Son Amarte, Juanes entre dans le cercle très fermé de ces artistes qui ont créé une œuvre à la fois musicale et visuelle : en somme, un film musical ou un album visuel. Si l’album dure près de quarante minutes, le film pousse le plaisir à une heure. Hormi les deux duos, avec ses compatriotes Fonseca et Kali Uchis (l’Américaine-Colombienne figure également sur Humanz de Gorillaz) respectivement sur « Alguna vez » et « El ratico », il est un élément notable : pour la toute première fois, Juanes chante non pas en espagnol mais en anglais sur « Goodbye for now ». Par ailleurs, Juanes a enregistré son album en Colombie, dans sa Medellín natale.

Quant au film, il a été en grande partie tourné au Mexique et en Colombie, ainsi qu’à Los Ángeles et Miami. Inutile de préciser, en plus d’avoir été surpris en apprenant un mois exactement après sa sortie que Juanes avait publié un nouveau disque, que le film est véritablement captivant. Non pas qu’il s’agisse de « cinéma » ; néanmoins, les douze chansons et musiques sont incroyablement mises en valeur par le scénario (certes classique) et les acteurs, dont l’inévitable Juanes qui interprète le rôle de Javier, à la recherche d’une mystérieuse femme…


Más Futuro Que Pasado est un titre qui semble dans la lignée du précédent. Pour autant, le genre s’en éloigne assez radicalement, si ce n’est que l’on pourrait tout à fait retrouver sa chanson de 2017 « Fuego » incluse au milieu d’un album finalement toujours aussi pop-rock mais amplement teinté de sons urbains très branchés, de touches reggaeton et d’une couleur andine particulièrement enivrante.

Comme toujours chez Juanes, le thème de prédilection est l’amour sous toutes ses formes… et il s’est entouré de quelques artistes avec lesquels la symbiose ressemblerait presque à de la magie ! Aussi retrouve-t-on auprès du Colombien ses compatriotes Crudo Means Raw (né à New York, le rappeur agrandit à Medellín), Sebastián Yatra et Lalo Ebratt (membre de Trapical Minds), ainsi que du chanteur-compositeur mexicain Christian Nodal, l’États-Unien d’origine dominicaine Fuego et la chanteuse canadienne Alessia Cara – avec notamment une version Spanglish de son duo avec Juanes…


Alors que s’ouvre pour lui sa troisième décennie en solo, est-il seulement imaginable un seul instant que son neuvième album studio puisse être autre chose qu’une nouvelle œuvre de maître – comme le disent aussi bien les Colombiens que les États-uniens ? On s’en moque, car avec seulement huit albums, Juanes est entré pour toujours dans le Panthéon des plus grands artistes du continent Amérique.

Con paz, respeto y unidad. Y, sobre todo, ¡con amor !


Partie I : 2000-2010 (prochainement)


(in heepro.wordpress.com, le 17/02/2020)

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