#2020RacontePasTaVie - jour 48, le sommeil

Publié le 17 février 2020 par Aymeric


Je ne sais plus si je vous en ai déjà parlé mais longtemps j’ai eu un sommeil d’or.

Endormi en quelques minutes et sans interruption, pour peu que ni personne ni matériel programmé pour ce faire n’y contrevienne, pendant une bonne dizaine d’heures, facile.

Je me souviens même m’être assoupi sans trop de difficultés – aidé, l’honnêteté m’oblige à le préciser par quelques gobelets de bières avalés – à proximité de baffles lors d’un concert de heavy metal gras chevelu du côté du Mans.
Pour beaucoup de mes amis, et même pour moi-même je vous l’avoue, cette capacité tenait du super pouvoir.

Confiant dans les lois de la génétique j’ai espéré que cette capacité pouvait se transmettre à mes enfants.
Et tel fut le cas.
Sans chercher à ménager particulièrement leurs bambines oreilles, ils ont tous fait preuve d’une grande capacité – peut-être pas au point de leur père, mais tout de même – à s’endormir dans toutes les conditions et jusqu’à tard chaque matin.

Ceci nous a valu, à Madame Mon Épouse et moi même, pléthore de nuits tranquilles en même temps qu’une certaine rancœur, j’ai cru remarquer, de la part d’amis parents moins gâtés par les prédispositions au sommeil de leurs rejetons.
(Et ceci est sans doute loin d’être étranger au fait que nous ayons poussé le tarif Familles Nombreuses jusqu’à quarante pour cent).

Mais les années passant et érodant à peu près tout sur leur passage il me faut bien reconnaître que Super Dormeur n’est plus tout à fait dans les dispositions de sa jeunesse.
Depuis un ou deux ans il m’arrive de m’appuyer sur une béquille pour me hisser plus rapidement dans les bras de Morphée – qui est un homme, au passage.
Ce n’est pas l’endormissement le problème, mais les réveils en pleine nuit – pour cause de cauchemars ou d’un bruit assez fort pour tirer par la manche mes angoisses qui n’attendent que ça – le plus souvent pour la durée d’un cycle – entre une heure vingt et une heure trente – avant que je ne rentre dans le rang du sommeil.

De toutes les marques de vieillissement, c’est peut-être celle qui me chagrine le plus.
J’étais tellement fier et heureux de ma capacité à dormir tant et plus.
Je me console en constatant qu’à ce jour ma capacité à rester endormi le matin jusqu’à ce qu’il soit largement dépassé subsiste, elle. Et pas qu’un peu. Mes matinées peuvent encore être grasses jusqu’à l’obèse.

Et puis, heureusement, j’ai conservé tous mes talents dans l’art et la manière de faire des siestes. Peut-être pourrais-je vous parler de mes plus excellentes mais le temps presse et votre patience s’use.