Le silence des étoiles est le premier roman graphique de la mystérieuse illustratrice et blogueuse Sanäa K, qui nous livre ici le récit de son premier chagrin d'amour.
Le silence des étoiles aborde avec délicatesse et fraîcheur le premier chagrin d'amour, celui dans lequel on se perd en chemin. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Sanäa K c'est la bonne copine de la jeune génération. Ou plus précisément de ses quelques 147 000 abonnés sur Instagram, où elle partage depuis plusieurs années ses états d'âme. Dans cet ouvrage, elle livre un bout d'elle-même. Elle nous parle de ses amours, de ses amitiés, de ses ambitions ; du quotidien - assez banal au fond - d'une jeune parisienne au cœur de sa ville ...
Les histoires d'amour finissent mal...
En neuf chapitres, la jeune blogueuse illustratrice qui préserve farouchement son anonymat se livre en racontant son premier chagrin d'amour. Celui qui lui a valu de longs mois d'absence des réseaux sociaux l'année passée. L'histoire est classique. Elle commence par des étoiles dans les yeux lorsque son cœur s'enflamme pour Ismaël, un homme des medias auquel elle finit par oser dire " je t'aime " après des mois de relation passionnée et romantique... Et puisqu'on parle de chagrin d'amour, on ne vous spoilera pas en révélant que celui-ci décide finalement de prendre la fuite sans explication aucune. Un " ghosting " en bonne et due forme. S'en suit l'absence de l'être aimé, comme une interminable nuit qui s'installe et recouvre les journées d'un voile de tristesse et de mélancolie.
Chronique du quotidien
On se laisse volontiers embarquer dans le récit, au rythme des traits d'humour de l'auteur, des notes de poésie, et de répliques pertinentes qui font parfois sourire. Et on se retrouve sans mal dans l'appartement en bazar, le maquillage qui coule, les textos qu'on envoie et qu'on regrette tout de suite après, les journées chagrin passées au lit, les frisottis au réveil ; ou encore les soirées passées devant Game of Thrones, les confidences entre copines, le tuto beauté, le temps passé à scroller sur le profil Instagram d'un ex... On apprécie aussi certains thèmes plus engagés, même s'ils ne sont qu'effleurés, comme la place de la femme dans une société où " le masculin l'emporte " ainsi que nous l'enseigne la grammaire ; les difficultés inhérentes à la réalisation et à l'accomplissement artistiques ; ou encore la difficulté à sortir de sa zone de confort et à oser dépasser ses peurs.
Dans la peau d'une jeune parisienne
Les illustrations sont vivantes et mettent en scène des situations simples, des gestes réalistes du quotidien. Elles fourmillent de références à nos habitudes, nos lectures, aux plats que nous mangeons, aux musiques que nous écoutons, aux vêtements que nous portons... L'identification est facile donc, pour les jeunes générations du moins. Et un peu plus encore pour les franciliens qui reconnaîtront de nombreux lieux emblématiques de la capitale. De la rue vieille du temps à l'avenue Montaigne en passant par le métro, le quartier Saint Anne et son fameux restaurant japonais Aki ; ou encore l'avenue de France, les marches de la Bibliothèque Nationale de France et le MK2 Bibliothèque. Et cela se transforme rapidement en une sorte de chasse au trésor ... à laquelle les marques n'échappent pas non plus...
Les marques omniprésentes
Et sur ce point, nous sommes assez mitigés. Car si la présence de marques permet un peu plus encore de se sentir immergé dans un quotidien qui ressemble au nôtre, là on frôle l'overdose. En effet, elles sont partout, tout le temps, au point que l'on a parfois l'impression de se retrouver dans une interminable publicité. Tout y passe : Apple, Coca-Cola, Uber, KFC, Dior, Pierre Hermé, The Row, Starbucks, Ikea, La Roche Posay... On finit par avoir du mal à faire attention à autre chose. D'autant que le propos reste tout de même assez superficiel, un peu trop ordinaire et centré sur son personnage principal pour que l'émotion soit au rendez-vous. Pour autant, on ne s'ennuie pas. Car Sanäak a le sens du rythme, et un talent artistique indéniable. Une lecture plaisante donc, mais sans plus.