Le langage : piège à philosophe ?

Publié le 16 février 2020 par Christophefaurie
J'entendais Bernard Stiegler dire que la philosophie demandait nécessairement l'effort de comprendre les concepts qu'avait inventés le philosophe.
Il en est de même des mathématiques, ou de n'importe quelle science. Seulement, je me demande si ce vocabulaire n'est pas un piège. L'effort pour l'acquérir épuise les forces de l'individu, qui n'a plus les ressources intellectuelles pour regarder la discipline de l'extérieur et se demander si elle n'a pas quelque erreur constitutive. Et si elle était fondée sur une hypothèse première qui contraint ses conclusions ?
Par exemple, les statistiques sont basées sur la notion de "variable aléatoire". Or, il n'y a pas de variable aléatoire dans la nature. Il y a des choses qui y ressemble (les dés), mais d'autres qui en sont éloignées, mais que l'on dit en être, parce que, sans cela, nos mathématiques seraient impuissantes. Et, de temps en temps, cela nous retombe sur le nez, comme en font l'expérience les financiers et leurs puissants algorithmes, qu'ils ne comprennent pas.
Curieusement, il est possible qu'il y ait là une des idées centrales de la pensée de Bernard Stiegler : nous sommes dépassés par notre création. Et jamais nous ne l'avons été autant que depuis que nous sommes dominés par la Silicon Valley. Le numérique ce n'est, même pas, le degré zéro de l'intelligence.