La vie avec un antécédent psy est usante

Publié le 14 février 2020 par Lana

Printemps 2016, j'ai alors presque 33 ans.

Tout semble aller pour le mieux. Ce que je décrirais comme la vie simple et ordinaire d'une personne qui l'est tout autant.

Marié depuis 4 ans, papa depuis 2 ans et demi. La construction de la maison est en cours. Un job de développeur logiciel.

Sauf que... je n'ai rien vu venir, ou presque. 15 jours sans réellement dormir, un peu de stress sans doute. Rien de bien grave je pense.

Sauf que... arrivent des crises d'angoisse. Rdv chez le médecin le jeudi 14 Avril. Prescription d'anxiolytiques. Quand je prends le comprimé, effectivement, je me sens un peu mieux.

Sauf que... deux/trois heures après la prise, la crise d'angoisse empire. (j'ai cru comprendre que ce sont des effets paradoxaux, et que ça peut arriver...)

Vendredi 15 Avril au soir je prends mon comprimé avant d'aller me coucher, il est environ 22h. Je me réveille en sueur vers minuit. Complètement angoissé.

Samedi 16 Avril après midi: Premier contact avec les UP. Je me souviens juste d'être incapable de fermer le zip d'une poche de mon manteau. On me ramène chez moi (je ne sais plus si j'ai eu un traitement complémentaire ou non).

Le soir, j'ai un comportement complètement WTF, avec notamment des hallu olfactives (j'ai l'impression qu'on veut m'empoisonner).

Dimanche 17 Avril après-midi: Une ambulance vient me chercher et me conduit aux UP. Expérience traumatisante, j'essaie de m'enfuir. Y'a clairement quelque chose qui déconne.

Je ne sais pas ce qu'on me donne, je sais juste que j'ai des comportements étranges, je passe une nuit affreuse où je me contorsionne dans le lit, croyant à je ne sais trop quoi. Je me crois observé, je pense qu'on mène une expérience sur moi.

3 jours plus tard, je me retrouve à l'HP le plus proche (HDT). Je me souviens juste être complètement désorienté, ne sachant pas où j'étais.

Je passe environ 1 mois et demi hospitalisé, et j'en ressorts en étant lucide mais en dépression. Selon le psychiatre, l'hospitalisation ne m'est plus utile.

Je passe ensuite le mois de juin et juillet dans un état dépressif sévère, j'ai même pensé à me suicider. Mais je ne suis pas passé à l'acte.

Petit à petit, je refais surface, et j'arrive à reprendre le travail en Septembre 2016.

A ce moment là je pense que le plus dur est derrière moi, on me dit que j'ai fait un burnout.

Sauf que...trois mois plus tard je me retrouve de nouveau aux UP après un état d'agitation intense et de nouveau des " ressentis " bizarres (je me souviens par exemple que je croyais savoir exactement communiquer avec le chat, et connaitre ce qu'il voulait. Je croyais de nouveau que j'étais espionné).

Et là, il s'est passé quelque chose que je n'ai vraiment pas vu venir. Je ne sais pas pour quelle raison exactement, mais j'ai voulu agresser le médecin. Je n'ai jamais été violent de ma vie auparavant (et jamais après). J'ai donc du être maitrisé de force et attaché à un lit. Et puis le néant. Jusqu'à ce que je me réveille à presque 100km de chez moi dans un autre HP. J'y reste 3 semaines.

Je rentre donc chez moi en Février 2017, après 2 autres semaines passés chez mes parents. C'était une condition de sortie.

Bon maintenant le plus dur est passé, c'est sûr, ça peut pas être pire.

Dans un sens, c'est vrai, ces deux expériences ont été probablement les plus difficiles à traverser dans ma vie.

Mais je me rends compte aujourd'hui, 3/4 ans plus tard, que la vie avec un antécédent psy est usante. Notamment quand il s'agit de parentalité et de justice. Je n'ai jamais eu recours à la violence physique avec ma fille (ni avec qui que ce soit hormis durant cet épisode aux UP), et la seule fois ou j'ai été violent oralement et psychologiquement, je m'en veux encore. (Pour préciser, je l'ai tenu a bout de bras, j'ai crié " maintenant tu dors ! " je l'ai posé dans son lit, et l'ai laissé pleurer). Je pense vraiment être un père " simple et ordinaire ".

Sauf que... j'ai eu le tort d'avoir été deux fois hospitalisé en HP. Mon ex-épouse à demandé à ce que je ne puisse pas rester seul avec ma fille. Que les droits de visite se passent exclusivement chez mes parents. Bien entendu, hors de question aussi de la véhiculer seul. Je peux comprendre mon ex, après tout j'ai voulu agresser un médecin sous ses yeux. Ca a du être traumatisant pour elle, et elle a eu peur pour sa fille.

Par contre ce que je ne comprends pas, c'est que le JAF ne soit pas capable de discernement. Le dossier est passé devant elle plusieurs fois, j'ai passé deux expertises psy, plusieurs attestations de mon psychiatre habituel, cela fait trois ans maintenant, et le jugement n'est toujours pas rendu, et il n'y a pas eu d'adaptation. Attendre, patienter, sagement bien-sûr, parce qu'évidement je n'ai pas le droit de me mettre en colère...imaginez juste le résultat. (" Il redevient fou, c'est dangereux pour sa fille "). Et ça, c'est clairement pas évident à gérer pour moi. Alors peut-être que je m'auto-censure, mais j'ai toujours l'impression d'avoir une sorte d'épée de Damoclès au dessus de la tête, et d'avoir encore moins le droit à l'erreur que n'importe qui. Pas le droit de m'emballer, rester calme en toutes circonstances. Ah et aussi l'infantilisation... Expliquez à une personne " saine d'esprit " de 35 ans de DEVOIR retourner chez ses parents avec son enfant parce qu'on la pense incapable et que c'est dangereux de s'en occuper seul. J'imagine bien qu'elle va vous envoyer chier, et pas qu'un peu. Mais nous, les " fous ", non, on doit non seulement s'y plier, mais avec le sourire.

Je ne suis apparemment pas capable d'avoir une garde " normale ", pas contre je dois être capable d'être stable dans ma vie, de garder mon job, de payer la pension, de suivre un traitement et de prendre 20kg. J'ai l'impression d'avoir des devoirs, mais aucun droit en face.

Remarquez, après tout, l'HP a eu au moins ça de bon... apprendre à patienter et à être discipliné, peu importe ce qu'il se passe autour...