Orphelins de l'orage est un recueil de textes poétiques. Car, quel que soit le sujet qu'il aborde et quelle que soit la forme qu'il adopte pour le traiter, Jean-Pierre Vallotton le regarde en poète:
Où la poésie va?
Même si je le savais, je l'y suivrais...
Quand il va à la Tate, c'est en poète qu'il décrypte les tableaux accrochés et c'est le miracle d'internet que d'avoir la possibilité de mettre ses mots dans les siens pour contempler des oeuvres intemporelles, telles que la Proserpine, de Dante Gabriel Rossetti:
Aux mains de la déesse, le fruit d'amour, silencieux, ravive la plaie.
Dans ses Sourdines, il se révèle tel qu'en lui-même l'obscur le tourmente:
Le falot du coeur s'éteint
quand le dernier espoir
a mouché sa bougie
A ses tableaux de chasse il met, entre autres, Fâcheuse nouvelle, de Carel Willink (il se trouve aisément sur internet sous le titre de Mauvaise nouvelle), dont un détail illustre la couverture du livre, et commence à en parler sur un ton lamartinien:
Les arbres le savaient qui prennent instinctivement la forme de l'effroi: un seul pavé manque à la rue et c'est un gouffre, soudain, qui s'ouvre sous vos pas.
Quelles sont les Fraternitudes du poète? Il n'est guère étonnant qu'il s'agisse de Baudelaire, de Hölderlin, de Lewis Carroll, de Max Jacob ou de Joë Bousquet et qu'il rende ainsi hommage à Nerval:
Fille ou feu, une ombre dans l'ombre a frôlé le silence.
Francis Richard
Orphelins de l'orage, Jean-Pierre Vallotton, 128 pages, L'Atelier du grand Tétras
Livre précédent:
Le corps inhabitable suivi de Ici-Haut et de Précédemment, Éditions Empreintes (2015)