En sortie sur les écrans français le 12 février 2020, le premier long métrage de Manele Labidi est une réussite qui déjoue toutes les attentes politico-victimaires pour rendre compte de la vitalité d’un pays marqué par l’incertitude.
Selma est psychanalyste. Elle a vécu en France et s’installe à Tunis pour exercer dans son pays d’origine. C’est un retour intime au pays natal mais aussi le souci d’y apporter son soutien aux changements en cours. Cette comédie se nourrit bien sûr de l’ambigüité de cette dynamique : son entourage fait vite comprendre à Selma qu’on ne l’a pas attendue pour bouger.
Et son travail est de laisser parler. Rendre compte de cette parole est au centre du projet du film, dans un pays dominé par l’incertitude. On ne rigole jamais franchement mais cela ne va pas sans faire sourire : la comédie est un bon moyen d’appuyer le ridicule des situations, la caricature des personnages, la satire d’une société qui de toute façon adore rire d’elle-même et de ses dysfonctionnements. La musique est en phase avec ce projet, débuté et clos par les volutes de la chanteuse Mina qui renforce la parenté du film avec l’ironie de la comédie italienne des années 60 et 70.
« Chacun repart avec quelque chose qui lui appartient », dit Selma pour présenter son travail aux femmes du salon de coiffure. De fait, son écoute permet à chacun d’assumer ses contradictions. « La beauté des hommes, c’est leur faiblesse », me disait un jour le cinéaste marocain Faouzi Bensaïdi. Il y a dans ce film beaucoup de poésie et d’humanité pour rendre compte de la vitalité tunisienne. C’est la fenêtre qu’ouvre ce blues arabe, avec ses accents mélancoliques autant que ses pointes d’humour. Un plaisir à ne pas rater.
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