L'avenir sera t-il radieux pour les rois du streaming ?

Publié le 13 février 2020 par Delromainzika @cabreakingnews

Avec le lancement prochain en France de Disney+ (mars 2020) et de Salto (juin 2020), n’est-on pas en train d’assister à une certaine forme d’overdose des plateformes de streaming où chacun veut sa part du gâteau mais finira par s’en mordre la queue ?

Lorsque Netflix a décidé de créer du contenu original pour sa plateforme il y a près de dix ans maintenant, personne n’a soupçonné la force de frappe du géant américain. Et pourtant, c’est aujourd’hui un mot, un nom, une marque, que tout le monde a sur toutes les lèvres car elle fait des envieux. Les acteurs historiques de la création de contenus (les chaînes de télévision principalement) ont alors vu leurs téléspectateurs se diriger vers ce qui est aujourd’hui son avenir : les plateformes de streaming. C’est à partir de ce moment là que tout le monde a commencé à réfléchir à ce qu’ils pourraient faire pour stopper l’hémorragie et le plus simple c’est de créer sa propre plateforme. Aux Etats-Unis, d’autres acteurs étaient déjà là comme Hulu, qui regroupe les programmes de plusieurs chaînes en replay né de l’association de plusieurs sociétés qui aujourd’hui ont toutes leurs plateformes à venir (HBO Max pour Warner et Peacock pour NBC Universal) pendant que Disney a racheté les parts de tout le monde pour s’en approprier le catalogue.

La concurrence sur le marché du streaming est aujourd’hui féroce et l’arrivée de nouveaux acteurs bouscule une fois de plus le marché (même si AppleTV+ par exemple n’est pas le succès que Apple aurait imaginé). Chacun des grands groupes veut gagner de l’argent sur son contenu et en créer du nouveau pour capturer le temps d’écran de chacun. Que cela soit pour regarder un dessin animé ou même l’intégrale des James Bond chez soi, moyennant la souscription à un abonnement. Sauf que justement, l’abonnement est le principal problème. Tous les foyers peuvent-ils dépenser de 6 à 12€ par mois pour plusieurs services ? Netflix subit déjà ce problème dans le sens où l’échange de mots de passe permet alors à plusieurs utilisateurs d’utiliser le service sans que chacun ait a le payer.

C’est donc un manque à gagner (de près de 9 milliards de dollars d’après une analyse) qui pèse sur les finances de Netflix et ses consort alors que ceux-ci investissent des milliards dans les programmes originaux chaque année. Mais pourquoi Netflix a t-il démocratisé le streaming ? Probablement car les modes de consommation actuels ne sont plus les mêmes qu’auparavant. Les services de replay des chaînes de télévision ont vu explosé les visionnages de leurs programmes en différé. La télévision ne se consomme donc plus (ou presque plus) en direct et les téléspectateurs préfèrent choisir le moment où ils vont regarder tel ou tel programme. Ce que Netflix a réussi à faire, au delà d’imposer son nom comme le héros de cette saga, c’est à créer du contenu qui va retenir le téléspectateur sur sa plateforme plus que sur celle de ses concurrents.

Quand Pierre Panzani, le directeur des opérations TV et Internet de Médiamétrie dit que le spectateur « reste attaché aux rendez vous en direct mais qu’il veut aussi sa propre offre télévisuelle à lui », alors on en revient à Netflix. Et plus particulièrement leur algorithme qui propose une offre aux téléspectateurs en fonction des programmes qu’ils regardent et qui les a intéressé. Un peu comme aux Etats-Unis où l’audience des « big 4 » a chuté de près de 20% en l’espace de 5 ans seulement (Nielsen), c’est les revenus publicitaires de ces chaînes qui sont en péril et donc leur capacité de financement pour de nouveaux programmes. Pourtant, Netflix reste dépendante de ces acteurs, de ces studios, car son catalogue n’est pas ce qu’il y a de plus consommé sur la plateforme. D’après une étude de 7Park Data, seulement 1/3 du temps passé sur Netflix par ses abonnés l’est devant du contenu qu’ils ont produit. Alors oui, ce chiffre augmente de plus en plus car le catalogue de Netflix n’a de cesse de s’enrichir, sauf que les acteurs qui fournissent à Netflix le contenu font les programmes les plus plébiscité de la plateforme.

Enfin, avec le lancement de toutes ces plateformes et la guerre que se font les géants du streaming, tout le monde veut maintenant les créateurs et producteurs les plus prolifiques. WarnerMedia s’est alors allégée de 275 millions de dollars pour J.J. Abrams et Netflix de 200 millions de dollars pour avoir dans ses filets les créateurs de Game of Thrones. De son côté, Apple a déboursé des millions de dollars pour mettre sur ses affiches des noms comme Steven Spielberg ou encore Oprah Winfrey. Mais est-ce raisonnable ? Comme quand Amazon débourse 250 millions de dollars pour les droits d’adaptation de la saga Le Seigneur des Anneaux (qui a d’ailleurs déjà été renouvelée pour une saison 2 avant même la diffusion de la première).

C’est sans parler du combat féroce entre les acteurs afin de récupérer les droits des séries populaires comme Friends, The Office, The Big Bang Theory et j’en passe. Cependant, avec de plus en plus d’acteurs et des abonnements à souscrire pour avoir accès à l’offre qu’ils proposent, ne va t-on pas tout droit vers l’apocalypse et la mort prochaine de certaines d’entre eux qui n’auront pas survécu ou bien chacun trouvera sa part du gâteau et c’est la télévision traditionnelle qui en fera une fois de plus les frais ?