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Tous les noms, de José Saramago

Par Etcetera

Tous les noms, de José Saramago

J’ai acheté ce roman de José Saramago car j’en avais vu une bonne critique sur un blog et que j’avais déjà lu avec grand plaisir L’Aveuglement du même auteur.
José Saramago (1922-2010) est un des principaux écrivains portugais du 20è siècle, Prix Nobel de Littérature en 1998. Son roman le plus célèbre est L’Aveuglement.

L’histoire :

Nous ne savons pas très bien, en lisant Tous les noms, si nous nous situons dans un univers fantastique ou familier et si cette société est totalitaire ou proche de la nôtre. Par certains éléments, nous penchons tantôt d’un côté tantôt de l’autre.
Le héros de cette histoire s’appelle Monsieur José (On notera la similitude avec l’écrivain lui-même), un célibataire d’une cinquantaine d’années. Il est employé aux écritures dans les gigantesques archives de l’Etat Civil, où on répertorie les fiches des vivants et des morts, et où l’on inscrit les renseignements essentiels d’une vie : naissance, mariage, divorce, cause du décès. L’appartement de Monsieur José est séparé de son lieu de travail par une simple porte, dont il n’a encore jamais utilisé la clé. Pour tromper la solitude et l’ennui de ses jours de congé, il collectionne des renseignements et des coupures de presse à propos des cent personnalités les plus célèbres du pays. Mais, un beau jour, il tombe par hasard sur la fiche d’Etat Civil d’une femme inconnue et décide de s’intéresser à elle. Il commence à mener une petite enquête sur la vie de cette femme, qui habite la même ville que lui. (…)

Mon avis :

Il y a une grande similitude avec l’univers de Kafka mais on sent ici davantage d’optimisme et d’espérance. L’univers bureaucratique est certes écrasant et absurde mais on peut parfois l’amadouer et lui faire entendre raison. Le personnage de Monsieur José est intéressant par son rapport avec la solitude : d’un côté il s’intéresse à des tas d’hommes et de femmes, réels et vérifiables, et cette quête constitue le sens de sa vie, mais d’un autre côté il reste presque toujours retranché dans son isolement. Il n’arrive à rencontrer les gens que sous la forme de papiers, de photos, de documents divers. Quant aux entrevues qu’il a de visu avec l’entourage de la femme inconnue, elles sont toujours entourées de mensonges, de prétextes et de faux-semblants, comme si la rencontre avec l’autre ne pouvait jamais avoir lieu sincèrement. Un moment particulièrement révélateur est la grande discussion que Monsieur José décide d’avoir avec son plafond, passage très poétique que j’ai apprécié, mais assez désespéré.
Nous nous acheminons pourtant, au fur et à mesure de la lecture, vers une ouverture de Monsieur José, qui parvient à briser sa coquille et à révéler aux autres sa vérité.
Ce roman m’a absolument conquise, par son atmosphère, son humour décalé, son écriture complexe, aux longues phrases labyrinthiques, ses réflexions philosophiques sur la vie, la mort, la société.

Extrait page 154

Le plafond donna à Monsieur José l’idée d’interrompre ses vacances et de reprendre le travail. Tu dis à ton chef que tu es suffisamment rétabli et tu lui demandes de te réserver le reste des jours pour une autre occasion, cela, si tu trouves le moyen de sortir de l’impasse où tu t’es fourré, toutes les portes sont fermées et tu n’as pas une seule piste pour te guider, Le chef trouvera bizarre qu’un fonctionnaire reprenne le travail sans y être obligé et sans y avoir été invité, Ces derniers temps tu as fait des choses bien plus bizarres, Je vivais tranquillement avant cette obsession absurde, avant de chercher une femme qui ne sait même pas que j’existe, Mais toi tu sais qu’elle existe et c’est bien là le problème (…)

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